Les livres d'hommages sont souvent ennuyeux. Et la tentation est parfois grande d'écrire avant d'être arrivé à la fin si l'ouvrage n'est pas bon.
Il y a plusieurs mois que « René Gonzalez, le théâtre pour la vie » était arrivé. Impossible d'abord de trouver un moment pour le lire. Impossible ensuite, une fois commencé, de s'en séparer avant de l'avoir lu, certes par petits bouts,  mais en entier !
Cet ouvrage est constitué de témoignages, mais qui rendent tous vivant et attachant celui qui fut un peu plus de vingt ans durant à la tête du Théâtre de Vidy-Lausanne. Plus on avance dans le livre, plus on regrette de n'avoir jamais croisé cet aficionado de René Char.
De ce point de vue, cette publication est au passage une excellente introduction à la poésie de celui qui est parfois considéré comme hermétique. Les citations sont en effet fréquentes et toujours à propos.
Ce recueil est un livre qui ne s'ouvre pas en vain : il ouvre l'esprit et les perspectives, il rend proche et sympathique celui qui se définissait comme le portier de son théâtre tout en tutoyant certains politiques, qui n'envoyait pas dire le fond de sa pensée à tous et, surtout, qui savait reconnaître et défendre les artistes talentueux.
Le choix de reproduire tel qu'ils furent reçus certains fax ou courrier est une bonne chose, qui témoigne de façon presque charnelle des battements de cœur à l'unisson qui pouvaient exister entre cet artistes et d'autres, comme Michel Piccoli.
Les seules longueurs sont à la fin : les courriers de condoléances jurent avec l'aspect si vivant du reste. Mais cela ne représente que dix pour cent de la longueur totale (490 pages) et ces derniers sont bien regroupés, alors…

Pierre FRANÇOIS
« René Gonzalez, le théâtre pour la vie », sous la direction de Patrick Ferla, aux éditions Buchet-Chastel. 490 pages, 25 €, ISBN : 978-2-283-02784-4.

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