Théâtre : « Adieu Monsieur Haffmann », de Jean-Philippe Daguerre au Théâtre rive gauche à Paris.

Impossible d’être juste, par Clara.
1942 : La France a perdu la guerre et Paris est occupée.
Monsieur Haffmann, qui est juif, a eu l'intelligence d'envoyer sa famille à Genève juste avant la rafle du Vélodrome d'Hiver. Cependant ses affaires vont mal : sa bijouterie victime des lois anti-juives est au bord de la faillite.
Pour sauver sa vie et son magasin il propose un marché à son employé. Il offre sa boutique au jeune couple qui en échange le cachera « le temps qu'il faudra » dans sa cave.
Le couple accepte le marché, mais en y ajoutant d'autres conditions. Chacun imposera ses conditions à l'autre rendant la vie quotidienne riche de complexité. Car c'est la guerre, la situation est exceptionnelle et les moyens pour survivre sont eux aussi exceptionnels.
La boutique cristallise toutes les envies et les frustrations.
Ainsi la bijouterie se remettra à prospérer grâce aux amitiés nouvelles de l'employé devenu son propre patron avec les nazis. Collaboration dont il n'a pas honte puisqu’il cache un juif !
La morale de chacun est élastique, adaptable, alors qu'en définitive chacun fait ce qu'il peut et non pas ce qu'il croit être juste.
La pièce retrace habilement les conflits psychologiques marqués par une peur grandissante d'être démasqués ou dénoncés. Les sentiments de chacun des personnages prennent de l'ampleur, se développent, s'intensifient.
L'angoisse atteint son paroxysme lors d'un dîner où est invité un couple de nazis ; à leur côté, Monsieur Haffmann se fait passer pour un bon petit Français. Prouesse des acteurs pour rendre à la fois le meilleur et le pire de l'humanité qui sommeillent et se côtoient au fond de chacun.
Une grande finesse dans la description des rapports humains, mus par des aspirations et espérances parfois contradictoires.
Le propos est pourtant parsemé de touches d'humour et de rebondissements qui tiennent le spectateur en haleine.
Quant aux acteurs, ils sont parfaits chacun dans son rôle, la pièce a d’ailleurs obtenu quatre Molières dont celui de la révélation féminine et celui du comédien second rôle.
Un spectacle à la fois drôle et sérieux, tendre et profond, avec une mise en scène impeccable.
Clara
« Adieu Monsieur Haffmann », de et mis en scène par Jean-Philippe Daguerre. Avec Grégori Baquet ou Charles Lelaure ou Benjamin Breniere, Alexandre Bonstein ou Marc Siemiatycki, Julie Cavanna ou Anne Plantey, Franck Desmedt ou Jean-Philippe Daguerre, Charlotte Matzneff ou Salomé Villiers. Du mardi au samedi et le lundi 31 décembre 2018 à 19 heures, matinée le dimanche à 17 h 30 (Relâches exceptionnelles les 4, 24, 25 décembre 2018 et 1er janvier 2019). Au Théâtre rive gauche, 6, rue de la Gaîté, 75014 Paris, tél. 01 43 35 32 31, métro Edgar-Quinet, Gaîté, Montparnasse, Vavin, http://www.theatre-rive-gauche.com/spectacle-adieu-monsieur-haffmann.html

Photo : Evelyne Desaux.

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