Théâtre : « Hugo, l’interview », montage de et avec Yves-Pol Denielou au Théâtre Essaion, à Paris.

Hugo actuel.
Le concept est celui de l’interview d’une célébrité qui vit déjà dans l’au-delà. Ce qui, concernant Victor Hugo, ne manque pas de sel. La ressemblance physique entre le comédien et le dandy devenu pair de France puis grand-père est frappante. Mais il n’y a pas que cela. Il se dégage de ce faux dialogue (la présence de la journaliste n’est manifestée que par une voix hors champ) une tonalité, une force de conviction qui emporte l’adhésion. On est littéralement saisi par l’actualité du propos. Certes, Victor Hugo était visionnaire (et l’est encore, les États-Unis d’Europe qu’il appelait de ses vœux ne sont pas encore réalisés…), mais le talent du comédien intervient pour beaucoup dans cette sensation. Car il sait faire passer des textes de l’état d’écrits à lire à celui de discours à entendre, ce qui n’est pas rien, surtout lorsqu’il s’attaque à de la poésie. On est captivé à la fois par le regard de l’orateur qui tient son public sous le joug de son verbe et la force avec laquelle il assène des opinions fortes – notamment sur la laïcité et la liberté – sans être extrémistes. Pour réaliser cette interview vive et aux transitions rondement menées, l’auteur comédien est allé chercher dans toute l’œuvre de Hugo, pas seulement dans ces titres – « La Légende des siècles », « Les Contemplations », « Le dernier jour d’un condamné », « Les Misérables », « L’homme qui rit »… – que tout le monde connaît, mais aussi dans des écrits moins lus, tel un article paru dans le journal « Le Rappel » le 19 juin 1882 ou son discours de réception à l’Académie française. On a vraiment devant nous un homme qui se livre sans tricher, c’en est impressionnant !
Pierre FRANÇOIS
« Hugo, l’interview », de et avec Yves-Pol Denielou. Mise en scène : Charlotte Herbeau. Les lundis et mardis à 19h30 jusqu’au 1er mai au théâtre Essaion, 6, rue Pierre au lard, 75004 Paris, tél. 01 42 78 46 42, www.essaion.com, www.hugolinterview.fr

Photo : Pierre Francois.

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