Musique : « Faces cachées », par « Les Têtes de chien » au théâtre de Ménilmontant, à Paris.

Tradition cachée.
Les « Têtes de chien » sortent un nouvel album en même temps qu’ils donnent une série de concerts. Ces derniers consistent en cinq dates réparties sur novembre et décembre au Théâtre de Ménilmontant, à Paris. Si le répertoire, habituel chez eux, est celui des comptines traditionnelles, ils ont décidé de mettre en valeur le sens cachés d’une vingtaine des plus connues. Nulle explication superfétatoire, il leur suffit de créer des arrangements inhabituels – notamment de plaquer des harmonies provenant de musiques du monde sur ce qui était à l’origine monodique – et de compiler des versions plus ou moins connues d’une même chanson (un exemple ici) pour provoquer une écoute différente, plus aiguisée, du texte. Ainsi ce qui reste un récital pour tous les publics, même les plus jeunes, peut-il être perçu d’un point de vue plus orienté par les adultes. Qui réaliseront sans peine, mais sans doute avec quelque étonnement que « Il était un petit navire » parle du cannibalisme, que « Au clair de la lune » suggère le désir, que « À la pêche aux moules » évoque un viol collectif ou que « Sur l’pont du Nord » fait allusion à l’inceste… C’est qu’à l’époque, les comptines, comme les contes, servaient à parler des tabous. Un dispositif scénique léger complète cette idée – qui est aussi le titre de leur album – de « face cachée ». Les membres de ce quintette a cappella se plaisent à souligner l’aspect thérapeutique d’un tel concert, qui rejoint chacun via l’inconscient collectif : « on ne les connaissait pas, mais on avait l’impression de les connaître » est une phrase qu’ils ont souvent entendue de la part de spectateurs découvrant le sens caché de ces « tubes » que tout le monde a appris dans son enfance. Il y a aussi – mais c’est là une de leurs caractéristiques depuis toujours – ce côté à la fois humoristique et élégant qui séduit le public. Heureusement pour tous, ils ont un ingénieur du son qui a su conserver cette dernière originalité dans le disque (qui, pour autant, n’est pas un enregistrement en concert).
Pierre FRANÇOIS
« Faces cachées, 20 tubes de chansons populaires revisitées avec brio », par le quintette vocal a cappella « Les Têtes de chien ». Avec : Philippe Bellet, Justin Bonnet, Henri Costa, Didier Verdeille, Grégory Veux. Tout public pour « anciens » et « nouveaux » enfants. Mardi 6, mercredi 7, mercredi 28 novembre à 20 heures ; dimanche 9 décembre à 18 heures ; mercredi 12 décembre à 20 heures au Théâtre de Ménilmontant, 15, rue du retrait, 75020 Paris, tél. 01 46 36 98 60, www.tetesdechien.com/facescachees

Photo : Collectiftoetma.

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