Théâtre : « Lawrence », d’Eric Bouvron et Benjamin Penamaria.

« Lawrence », comme « Les Cavaliers », du même auteur et metteur en scène est une pièce qui a pour cadre le voyage. Cette fois-ci en Jordanie, Arabie saoudite, Égypte et Syrie. S’il s’est inspiré – un tout petit peu – des « Piliers de la sagesse », il est surtout allé sur place pour comprendre comment la personnalité de Lawrence avait été perçue dans le monde arabe. Et a exploré l’enfance de Lawrence, qui révèle qu’il a depuis toujours vécu dans le mensonge : son père, aristocrate irlandais, a eu cinq enfants illégitimes (Lawrence est le second) avec sa gouvernante, ce qui a obligé la famille à déménager à chaque fois qu’elle était reconnue. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que les Arabes le considèrent comme un héros, mais méprisé à cause de sa fausseté. La pièce était pratiquement écrite quand Eric Bouvron a eu connaissance du film d’Azil Mansour au sujet du centenaire de 1914-1918 du point de vue arabe, ce qui a conduit à une réécriture pour intégrer plus exactement cette vision. Elle se termine au moment du traité de Versailles.
La pièce donne une part importante à la musique sans toutefois que cette dernière prenne trop de place : elle est parfaitement complémentaire des dialogues. Le plateau reste relativement dépouillé, garni seulement de cantines et de quelques parallélépipèdes rectangles qui au fur et à mesure du déroulement et d’assemblages évoquent tel ou tel contexte. Les changements de costumes se font à vue sans que cela n’interfère dans la compréhension de la pièce. Au contraire, tout est si signifiant que le fait que certains rôles féminins soient joués par des hommes ne gêne aucunement. La suite des tableaux est bien rythmée. Chaque personnage a un caractère suffisamment complexe pour que l’on y croie vraiment, de même qu’aux relations nouées entre Lawrence et son serviteur Daoun ou ses alliés arabes. Le spectacle ajoute à l’épopée une dose de merveilleux et un zeste d’imprévu de sorte qu’on reste accroché du début jusqu’à la fin. Vivement que l’on puisse le voir !
Pierre FRANÇOIS
« Lawrence », d’Eric Bouvron et Benjamin Penamaria. Avec : Alexandre Blazy, Matias Chebel, Kevin Garnichat, Stefan Godin, Julien Gonzales, Slimane Kacioui, Raphaël Maillet, Cécile Meltzer, Yoann Parize, Julien Saada, Ludovic Thievon. Mise en scène : Eric Bouvron.

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