8 mars : journée de la femme, au théâtre et en musique à Paris.

D’une seule voix.

Le 8 mars est la journée internationale de la femme. Grâce à l’emballement récent de la machine médiatique, cette date – et surtout le thème du respect de la femme – deviennent plus qu’une mémoire ou un rituel annuel. On le vérifie par exemple dans les mondes du théâtre et de la musique.

Ainsi, en ce moment plusieurs pièces explorent le comportement vis-à-vis de la femme, telle « Spéculum »(1) qui aborde la question de la souffrance gynécologique tandis que « Ménopause » ou « Tout sur le rouge » se concentrent sur les spécificités féminines.

Cette dernière ne se limite d’ailleurs pas à cette seule dimension, qui, mettant bout-à-bout deux textes écrits par la journaliste Élise Thiébaut – dans un style de témoignage poétique – part de la représentation et de la façon dont les menstruations sont vécues, mais aborde aussi la stratégie de la relation homme-femme à travers l’image du taureau et du toréador avant d’évoquer les affaires récentes de harcèlement. Les fils rouges de cette pièce étant d’une part la couleur du sang, d’autre part celle du drapeau de la révolte, enfin le lien entre les générations. Nul doute que cette pièce parle particulièrement aux femmes et la complicité entre comédienne et spectatrices est palpable. À travers un style qui part du médical – mais jamais du clinique – pour aboutir via une mise en scène subtilement humoristique à un témoignage adouci par des tournures poétiques. Protéiforme dans l’assemblage du jeu, des lumières, du texte et de la mise en scène, cette pièce est précieuse par son caractère instructif pour les hommes et par la communion qu’elle instaure entre les femmes. Car Aline Stinus, la comédienne de ce spectacle solo, qui est par ailleurs une des organisatrices du festival Wetoo(2), le dit : elle n’adhère pas à la conception selon laquelle « si tu n’es pas féministe, tu es sexiste », préférant un féminisme qui permet à chacun et à chacune de trouver sa place en harmonie avec tous.

Du côté de la musique et à l’Institut du monde arabe, dans le cadre du festival « Arabofolies », a lieu ce 6 mars(3) un « Forum citoyennes ! Les sociétés civiles à l’épreuve » qui donne la parole à plusieurs femmes ayant fait avancer leur cause. Leur particularité ? Elles viennent de sociétés où la lutte est un mot qui peut avoir une signification physique, telle Dioully Oumar Diallo, cette ingénieur en télécommunication qui a créé en Mauritanie une application « Taxisecure »(4) – laquelle sera bientôt développée en France – ainsi que des cours d’autodéfense pour jeunes filles. On peut citer la Soudanaise Mayada Adil(5) qui, médecin généraliste a dû s’exiler après s’être révoltée contre les mutilations faites aux femmes dans les camps de réfugiés. Elle est aujourd’hui styliste, son but étant de donner à des femmes vulnérables la possibilité de devenir autonomes tout en proposant une image de la beauté africaine qui se situe en dehors des normes mondiales. A-t-elle plus de chance ? Nagham Nawzat Hasan, gynécologue irakienne yézidie, est toujours dans les camps de réfugiés où elle se consacre aux survivantes de l’État islamique. Bien sûr, on trouve aussi un lot de journalistes ou d’activistes et l’émirati Sara bin Safwan qui a créé la plate-forme « Banat collective »(6), laquelle cherche à mettre en évidence l’expression artistique dans le monde arabe.

Bref, il y a de l’espoir tous azimuts, car les signes de changement viennent de tous les horizons : médicaux, artistiques, journalistiques…

Et une chose est sûre : les esprits ont bien changé. On le mesure en lisant le blog d’Élise Thiébaut(7), en regardant l’émission « Apostrophe » du 2 mars 1990(8) à laquelle elle renvoie, comme elle mentionne par ailleurs (et on remonte là aux années 70) le goût de Claude François pour les adolescentes(9) ; ou encore en lisant la dernière phrase de la présentation sur le site allociné du film « Promotion canapé »(10).

Pierre FRANÇOIS

« Tout sur le rouge », d’Élise Thiébaut. Avec Aline Stinus. Mise en scène : Caroline Sahuquet. Lumières : Camille Pawlotsky. Le jeudi à 19 heures jusqu’au 16 avril au théâtre Lepic, 1, avenue Junot, 75018 Paris, tél. 01 42 54 15 12, https://theatrelepic.com/2019/03/19/toutsurlerouge/

« Forum citoyennes ! Les sociétés civiles à l’épreuve » : https://www.imarabe.org/fr/rencontres-debats/les-forums-de-l-ima-citoyennes-2

(1)Sur l’invention et l’usage du spéculum, on lira avec profit l’étude documentée parue sur le site de vulgarisation sexologique www.les3sexe.com, parue en autant de volets : https://les3sex.com/fr/news/19/manuel-d-instruction-pour-un-usage-subversif-du-speculum-partie-i-, https://les3sex.com/fr/news/16/manuel-d-instruction-pour-un-usage-subversif-du-speculum-partie-ii-,

(2) « Wetoo, festival féministe et familial », du 5 au 9 mai au théâtre Lepic par le collectif féminin « Les Collectives ».

(3) l’après-midi et en libre accès.

(4)https://mauritechnews.blogspot.com/2015/02/finale-mauriappchallenge-diabapp-rafle.html

(5)https://www.instagram.com/p/BzyYr3xnrBS/?igshid=18x8azyaihp9k

(6)http://www.banatcollective.com/ ou encore https://www.instagram.com/banatcollective/

(7) https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/120120/je-me-souviens-de-gabriel-matzneff

(8) https://www.youtube.com/watch?v=TjZmJkLdwN8

(9)https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1083117/claude-francois-video-polemique-adolescentes-femmes

(10)http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=29625.html, « Promotion canapé », de Claude Zidi, 1990. La présentation du site allociné indique : « Catherine et Françoise arrivent à Paris pour travailler dans l’administration des Postes. Au fur et à mesure de leur formation, elles découvrent que leur patrons utilisent le harcèlement sexuel pour accorder des faveurs et des postes plus intéressants à leurs salariées. Loin de s’en formaliser, Catherine et Françoise décident de se plier aux jeu et ainsi profiter de tous les avantages. ».

Photo : Pierre François.

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