Expo : « Demain est annulé… de l’art et des regards sur la sobriété » jusqu’au 29 septembre à la Fondation groupe EdF, à Paris.

Perspectives.
Pendant que la société EDF prévoit une augmentation de la demande électrique, la fondation du même nom organise une exposition sur la sobriété en convoquant des scientifiques pour évoquer l’état des lieux et des artistes pour explorer des pistes : Demain est annulé. Son sous-titre, explicite, est « de l’art et des regards sur la sobriété ». Chaque artiste expose peu d’œuvres – souvent une seule – mais qui font réfléchir. En ce sens, la qualité est vraiment au rendez-vous dans la mesure où l’on échappe aux écueils que sont les tentations didactiques ou, à l’inverse, hermétiques.
Ces dernières sont regroupées sous des thèmes qui, eux, sous-tendent une progression.
« Les chemins de l’incertitude » pose un constat tout en ouvrant sur le fait que plusieurs avenirs sont possibles.
« Un monde pour tous » souligne qu’au-delà de la mondialisation consumériste en existe une autre, de destin. Les photos de Gabriele Galimberti ont cette faculté d’interroger (sur notre relation à la pharmacie selon les latitudes) tout en étant parfaitement équilibrées du point de vue formel. David Ancelin prend – avec humour – l’exact contrepied de l’enseignement de l’école de voile des Glénan selon lequel Il vaut mieux surnager avec ridicule que couler avec élégance.
« Terre d’esprit » montre combien la sobriété peut aller de pair avec une richesse spirituelle au sens large du terme. Qui sommes-nous ? Que signifie « exister » ? Peut-on répondre à ces questions sans se poser pour y réfléchir ? Les femmes ne sont-elles pas avantagées dans la recherche du sens et des racines, la naissance étant une racine première, selon Odonchimeg Davaadorj ? Marike Schuurman montre comment le repos peut faire partie du travail tandis que Franck Ludangi montre la « symbiose cosmique » qui existe entre « corps, esprit et nature ».
« Les chemins du progrès » montre comment sobriété et technicité peuvent entrer en harmonie. Chloé Bensahel le fait d’une façon éclatante, qui mêle dans la même œuvre une tapisserie en fibres naturelles et des récepteurs qui réagissent par une musique au passage de la main. Et si le mode d’emploi ouvert – en chinois de Taïwan – ne renseigne que peu sur les techniques déjà mises en œuvre par l’architecte Philippe Rahm, le cartouche et les photos associées montrent comment la technique peut s’associer avec les éléments naturels pour influer localement sur le climat.
« Demain nous appartient » explore enfin des pistes à mi-chemin entre l’utopie et l’avant-garde, dont une vidéo qui transforme le spectateur en temps réel, en faisant de lui un élément absorbé par le paysage.
On aurait aussi pu parler des quelques vidéos qui émaillent cette exposition, au premier plan desquelles celle – « Re-Spect » – qui interroge sur les professionnels indispensables et pourtant précaires à travers un ballet inattendu. De celles qui donnent la parole à des philosophes, historiens, chercheurs. Et de tant d’autres œuvres, mais il ne faut pas gâter la surprise…
Pierre FRANÇOIS
« Demain est annulé… de l’art et des regards sur la sobriété ». Du 17 janvier au 29 septembre de 12 h à 19 h, Fondation groupe EdF, 6, rue Juliette Récamier, 75007, Paris. Métro Sèvres-Babylone. https://fondation.edf.com/evenements/demain-est-annule/. Entrée gratuite sur réservation.

Photo : Pierre François.

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