Le clair-obscur du désir.
La mise en scène de Ludovic Lagarde capte le spectateur, qui, grâce à cela, creuse dans les profondeurs de ses pulsions. On se demande où en est la vérité et qui se cache derrière les mensonges, des personnages de la fiction et de nos propres.
Magistralement interprété par une comédienne et un comédien qui agissent aussi bien dans l’absence, le non-dit, les souffles et les silences, le jeu est parfaitement mis en valeur grâce à une scénographie qui déploie une intimité familiale à l’apparence algide et sobre, mais qui abrite aussi des coins secrets et des aires de jeu sombres de passage vers l’inconnu. Un espace qui n’est que le miroir des désirs enfermés dans un huis clos. Ce dernier laisse entrevoir, quand même, toutes sortes de possibilités. Le yin et le yang du bien et du mal, de la bienveillance bourgeoise et de l’érotisme plus morbide, vont de pair avec le décor et le conflit de l’esprit.
Drame bourgeois ? Enquête morale ? Pièce à suspens ? De quelque façon que l’on veuille la définir, cette représentation repose sur l’analyse psychologique de ses caractères. En partant d’une intrigue apparemment simple, elle fouille dans les sentiments intimes, ce qui nous permet de réfléchir sur les fausses apparences de notre société, sur le jeu de rôle et les identités fictives qui passent par les réseaux sociaux. Nous sommes confrontés au questionnement autour de la face cachée de notre espace intime.
Carlo BIGGIOGGERO
« L’Amant », de Harold Pinter, traduction d’Olivier Cadiot. Mise en scène : Ludovic Lagarde, assistée d’Élodie Bremaud. Avec Valérie Dashwood, Laurent Poitrenaux et Guillaume Constanza. Lumière : Sébastien Michaud. Scénographie : Antoine Vasseur. Costumes : Marie La Rocca, assistée de Noémie Reymond. Son : David Bichindaritz. Vidéo : Jérôme Tuncer. Habilleuse : Florence Messé et Noémie Reymond. Maquilleuses : Mytil Brimeur, Juliette Hui et Charlène Torres. Régie générale : François Aubry et Corto Tremorin. Du mardi au samedi à 19 heures, dimanche à 15 heures jusqu’au 25 juin au Théâtre de l’atelier, 1, place Charles Dullin, 75018, Paris, métro : Anvers, Pigalle, Abbesses.
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