Théâtre : « Sur le cœur », de Nathalie Fillion à Gindou (46), puis au festival off d’Avignon.

Anticipation ou fantastique ?
« Sur le cœur » part du réel – la traînée de poudre metoo – et anticipe les pathologies consécutives à ce changement mental, notamment associées aux souvenirs de l’inconscient. On est en 2027 et déjà en plein fantastique, pas très loin d’une réalité prémoderne.
Deux femmes – une qui est soudain devenue muette et sa sœur – débarquent dans un service hospitalier de pointe. Sa responsable est une doctoresse aussi exubérante qu’autoritaire qui ne peut se passer de son assistant dévoué au-delà de ses obligations légales.
Le décor est d’une sobriété qui confine au graphisme, spécialement en termes de lumières. Les protagonistes vont passer d’un brancard à l’autre, d’un bureau à l’autre, en avançant les hypothèses les plus étranges. Les plus humaines aussi.
Le premier mérite de ce spectacle est de si bien brouiller la réalité et la fiction que l’on ne sait jamais quand l’on sort du domaine scientifique. Les personnalités de l’équipe médicale – médecin aussi rigoureux dans le raisonnement que fantasque dans le comportement et assistant ayant tout sacrifié à ses vocations au service d’autrui et de l’art – rappellent des rencontres que l’on a pu faire en milieu hospitalier. Musique, danse et bruitages concourent à la création de cet univers qui nous possède le temps de la représentation. Au-delà du divertissement fantastique, des questions de fond sont posées, qui vont bien au-delà des seuls changements induits par le phénomène metoo ou la pandémie : que savons-nous de nous-même ou de l’autre ? Que contrôlons-nous vraiment de notre personnalité ?
Pierre FRANÇOIS
« Sur le cœur », de et mis en scène par Nathalie Fillion. Avec Marieva Jaime-Cortez, Rafaela Jirkovsky, Manon Kneusé, Damien Sobieraff. Chorégraphie : Jean-Marc Hoolbecq. Scénographie, costumes : Charlotte Villermet. Lumières : Denis Desanglois. Son : Dimitri Klockenbring. Assistante à la mise en scène : Mélissa Irma. Le 4 mai à 20 h 30 à L’Arsénic, à Gindou (46). Du 3 au 21 juillet à 20 h 30 au Théâtre du train bleu, à Avignon (relâche les 8 et 15 juillet).

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