Livres : « En chemin vers la beauté, artistes et chrétiens, ils témoignent », ouvrage collectif aux éditions Emmanuel.

Témoignages.
« Dans cinq heures » était en prolongation depuis des mois au théâtre La Flèche, où il se jouait une fois par semaine. Désormais, le spectacle sera donné du dimanche au mardi, du 5 au 28 mars, au Théâtre de Belleville.
Il est inutile de revenir sur la critique déjà écrite il y a belle lurette si ce n’est pour dire que le fait de retourner voir la pièce permet d’y trouver de nouvelles dimensions. Il est vrai que le texte est dense – heureusement, il sera publié – et le comédien talentueux.
Au sujet de ce dernier, il a participé à l’écriture d’un livre – « En chemin vers la beauté » – composé de témoignages d’artistes chrétiens et préfacé par Mgr Rey, pour une fois qu’un évêque comprend quelque chose à l’art (même si, par moments, il enfile les citations comme d’autres les perles).
Certes, l’on sait déjà que jouer est pour lui son métier, qu’il exerce du mieux qu’il peut en suivant incessamment des formations, pas un moyen au service d’une cause. La précision est d’importance dans un contexte où le soi-disant (l’expression est à prendre au pied de la lettre) art dit chrétien est gangrené par de braves gens, souvent des copistes sans âme ni vocation, qui n’y voient qu’une belle forme pour emballer le fond de leur message.
Mais revenons à Fitzgerald Berthon et feuilletons les quinze pages qu’il a rédigées. Il a eu la bonne idée de mettre en italique les passages qui sont communs à son métier et à sa vie de foi. Le procédé, tout simple qu’il soit, a le mérite immense de montrer que vie quotidienne – d’aucuns, en d’autres temps, auraient parlé de « devoir d’état » – et vie de foi ne se vivent pas indépendamment l’une de l’autre, mais qu’au contraire, elles s’imbriquent pour créer une harmonie.
Qu’apprend-on alors ?
Que sa formation en art dramatique nourrit et inspire sa vie de croyant au moment où il l’approfondit. Que, dans ces deux domaines, il est nécessaire d’être « entièrement à ce que l’on fait, se donner au présent, sans projection ni nostalgie », que ces deux contextes enseignent le « temps long… l’effort et… la patience ». Qu’il est nécessaire de « cultiver une attention décuplée », dans un cas pour habiter chaque seconde d’un rôle, dans l’autre pour avoir conscience de ce que l’on dit en récitant le Notre Père, ce qui mène vers « l’art de la répétition », lequel n’est que la mise en œuvre du principe selon lequel il faut rester « dans un apprentissage permanent ». Il regrette la disparition des « rites de passage », qui ne subsistent plus que dans le scoutisme, et voit dans la liturgie « une mise en scène sacrée » dont la beauté est à préserver. Par ailleurs, de même que « ce n’est pas nous qui choisissons les rôles, ce sont les rôles qui nous choisissent » (Christophe Rauck), « ce n’est pas nous qui choisissons les saints, ce sont eux qui nous choisissent » (Philippe de Maistre). C’est ce qui lui est arrivé avec le rôle de Charles de Foucauld, dont il délivre le message dans des salles si diverses qu’il doit sans cesse « aiguiser [son] sens de l’attention, de l’écoute et de l’adaptation » pour arriver à ne plus jouer, mais être. Le résultat, pour lui comme pour tous les spectateurs qui ont vu un vrai spectacle, c’est qu’alors « une communion se vit réellement ».
Pierre FRANÇOIS
« En chemin vers la beauté, artistes et chrétiens, ils témoignent » : Fitzgerald Berthon, Françoise Bissara, Malel, Sophie Galitzine, Xavier Goulard, Frère Joseph d’Autriche, Prénom Marlène, Fleur Nabert, François Peltier. Préface : Mgr Dominique Rey. Sous la direction de Corentin Dugast. Éditions Emmanuel, 89, bd. Auguste Blanqui, 75013 Paris, www.editions-emmanuel.com ISBN : 978-2-38433-020-1

Photo : Pierre François.

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