Théâtre : « Cyrano », d’Edmond Rostand mis en scène par Lazare Herson-Macarel en grande tournée.

Cyrano réussi.
« Cyrano » est un classique. Avec tous les risques que cela comporte pour qui veut le mettre en scène une nouvelle fois : comment lui donner une couleur nouvelle tout en restant dans l’esprit de l’original ? 
C’est ce qu’a réussi Lazare Herson-Macarel. La première scène bénéficie d’une véritable mise en abyme. Puis la pièce, loin de partir dans un style héroïque facile (mais légitime pour une œuvre sous -titrée « comédie héroïque en cinq actes et en vers »), rend compte de la mélancolie qui habite tous les protagonistes et leur donne une véritable épaisseur. La bonne surprise, de ce point de vue, est Roxane. Au lieu de basculer brutalement du stade de gamine superficielle à celui de femme mûre réfléchie, elle a ici dès le départ une vraie personnalité, qui évolue à un rythme crédible. Les rôles dits secondaires ne sont pas pour autant négligés : Lignière, par exemple, est tout à fait juste. De fait, le texte est loin de reposer sur Cyrano seul, ce qui donne plus d’ampleur à la pièce.  L’allusion au rapt de la femme de Ragueneau par d’Artagnan est clairement évoqué, mais sans emphase inutile. Le rire n’est jamais loin : Cyrano, « à la fin de l’envoi », touche… avec une plume (d’oie?) ; Ragueneau écrit ses poèmes à la machine à écrire, etc. On se prend à frissonner au récit des préparatifs de la porte de Nesle ou quand Roxane arrive au siège d’Arras. Le duo viole de gambe – batterie fonctionne à merveille et soutient efficacement chacune des ambiances. On ne voit pas le temps passer. Enfin, on écrase une larme lors de la dernière scène. Bref, c’est une réussite.
Pierre FRANÇOIS
« Cyrano », d’Edmond Rostand. Mise en scène : Lazare Herson-Macarel. Avec Harrisson Arevalo, Julien Campani, Philippe Canales, Céline Chéenne, Eddie Chignara, Joseph Fourez, Salomé Gasselin (viole de gambe), David Guez, Pierre-Louis Jozan (batterie), Morgane Nairaud, Gaëlle Voukissa. 
Du 5 au 7 décembre 2017 à la Scène nationale d’Angoulême (16), le 21 aux Passerelles de Pontault-Combault (77), du 17 au 21 janvier 2018 au Théâtre Montansier de Versailles (78), le 23 janvier au Carré Sévigné de Cesson-Sévigné (35), le 26 au Théâtre Roger Barat d’Herblay (95), le 28 au Figuier blanc d’Argenteuil (95), le 30 au Forum de Flers (61), les 1er et 2 février au Tangram d’Évreux (27), du 8 au 11 au Théâtre jean Arp de Clamart (92), les 13 et 14 aux Scènes du golfe à Vannes (56), du 19 au 22 au Quai à Angers (49), le 24 au Pianocok’Tail de Bourguenais (44), le 9 mars au Théâtre du Blanc-Mesnil (93), les 13 et 14 au Carré magique de Lannion (22), le 17 au Théâtre des bergeries de Noisy-le-Sec (93), le 20 au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul (70), le 23 à l’Orange bleue d’Aubonne (95).