Théâtre poétique : « Poésie à jouer », « Pioche à musique et à poèmes » et autres en tournée permanente

Poésie ailleurs.
La poésie, c’est bien connu, est un art qui nous emmène ailleurs, au-delà de nos habitudes, dans le terrain bien réel, mais insoupçonné, de nos imaginations et de nos émotions les plus intimes. Paule d’Héria – dont on se rappelle encore l’interprétation des poèmes de Victor Hugo en compagnie de feu son mari Paul Lera au Théâtre du Nord-Ouest plus de vingt ans après – fait également rêver les scolaires dès quatre ans.
Le loto qu’elle utilise avec les plus jeunes s’appelle « Poésie à jouer » (ou, quand il y a un accompagnement au piano : « Pioche à musique et à poèmes ») : à tour de rôle, chaque enfant retourne une carte sur laquelle est illustré (pour ceux qui ne savent pas encore lire) ou écrit le sujet d’un poème. Avec sa fille et la complicité d’une musicienne, elles interprètent le texte tiré au sort. Encyclopédies vivantes, elles ont dans la tête un tel nombre d’œuvres qu’elles ne risquent jamais la monotonie. Les auteurs vont de Chédid à Tardieu en passant par Obaldia, Florian, Hugo, La Fontaine, Prévert, Rimbaud, Roy, Vincensini, Desmeuzes, Queneau et tant d’autres. À chaque fois elles ont privilégié les textes les plus parlants pour la jeunesse.
Et cela marche. La preuve ? Les écoles leur demandent de revenir. Ce n’est pas pour rien que « Poésie à jouer » et « Pioche à musique et à poèmes » figurent dans le catalogue de la ligue de l'enseignement région Île de France à la rubrique « Spectacles à savourer ». Quant aux collèges, ils les rappellent plusieurs années de suite dans la mesure où elles ont des programmes différents – voire des thèmes diversifiés – à offrir pour chaque classe. Dans ce dernier cas, elles privilégient l’imbrication des poèmes, qui est une façon de faire avancer dans le thème sans rupture apparente entre les œuvres puisque les poèmes se suivent de façon naturelle.
Il n’y a pas que dans le milieu scolaire qu’elles interviennent. On les voit tantôt dans une médiathèque, tantôt chez l’habitant, voire dans un festival ou un théâtre.
Ce sera le cas au Théâtre du Nord-Ouest (le 12 mars à 17 heures) dans le cadre du Printemps des poètes. Pour une fois, ce sera aux adultes de piocher parmi la série de poèmes qui seront en jeu ce jour-là.
Pierre FRANÇOIS
Paule d’Héria, Isabelle Irène, Sylvaine Wiart, Guiliano Errante, Audrey Dugué et quelques autres font partie de la Compagnie du théâtre des deux sources, contact artistique : 01 48 47 17 84, 06 73 81 35 81, courriel : theatredesdeuxsources@gmail.com, site : http://theatredesdeuxsources.fr/index.html

Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du Fbg. Montmartre, 75009 Paris, métro Grands-Boulevards, tél. 01 47 70 32 75.


Les thèmes

Ils dépendent de l’âge des spectateurs et du fait que les poèmes sont accompagnés de musique ou non. Pour les plus jeunes, on a déjà parlé de « Poésie à jouer », à partir de quatre ans jusqu’en sixièmes, qui est à la croisée de la poésie et du jeu théâtral. Assez voisin, on trouve « Fabulerie », qui regroupe des textes – de Chrétien de Troyes, J. de la Fontaine, Florian, V. Hugo, A. de Vigny, A. Rimbaud, A. Bertrand, J. Prévert… – racontant une histoire. Pour les plus grands, il y a d’une part les spectacles tournant autour d’un auteur (La Fontaine, Prévert, Hugo, Sand…), d’autre part ceux consacrés à un thème (le rêve, le fantastique, le lyrisme, l’engagement, l’esclavage, le Moyen Âge…). Certains peuvent se donner avec ou sans accompagnement musical, tel « Âmes romantiques », tandis que d’autres, comme « Nocturne et champs d’aurore » consacré à Chopin et Sand, ne peuvent se concevoir sans musique associée. Pour les spectacles avec piano, c’est Sylvaine Wiart, à la liste des distinctions longue comme le bras, qui officie au clavier.

Photo : Jean-Yves Lacôte

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