Théâtre : « Pour un oui ou pour un non », de Nathalie Sarraute au Poche-Montparnasse, à Paris.

Exceptionnel.
« Pour un oui ou pour un non » est un plaisir de l’œil comme de l’oreille. Le texte de Nathalie Sarraute est ciselé comme peu le sont, ménageant des progressions, surprises, jeux de mots et quiproquo à foison. C’est d’un spirituel qui réjouit d’autant plus qu’il est très bien servi. On retient son souffle devant la maestria des comédiens. Leur jeu est d’une justesse remarquable en même temps qu’ils mettent en valeur chaque nuance du texte. Un texte qui, quant à lui, joue avec l’outrance des sentiments chez le jeune ami, la retenue de celui qui néanmoins bout intérieurement de plus en plus chez le plus âgé. Que se passe-t-il ? Vont-ils en venir à l’affrontement ? On se le demande sans cesse et sans cesse la pièce nous livre juste le petit bout de révélation qui calme la curiosité tout en l’excitant.
Cette pièce est en même temps un véritable exercice de technique théâtrale, spécialement du point de vue de la diction. C’est ce qui en fait toute la saveur, c'est là que le comique se niche. Et qu’il est d’autant plus efficace que l’exercice est parfaitement maîtrisé. Au point qu’à un moment l’un des comédien est capable de continuer à faire passer l’émotion tout en jouant dos au public ! On ne s’ennuie pas une seconde, on ne voit pas le temps passer, on est bouche bée devant une telle maîtrise et du rôle et de l’art dramatique.
Pour autant, on n’assiste pas à un exercice de style, il y a là un vrai fond, une véritable étude de la façon dont une relation peut se détériorer et, par conséquent, du grain à moudre pour chacun.
Pierre FRANCOIS
« Pour un oui ou pour un non », de Nathalie Sarraute. Avec Nicolas Briançon, Nicolas Vaude. Mise en scène Léonie Simaga. Du mardi au samedi à 19 heures, dimanche à 17 h 30 jusqu’au 18 mars au Théâtre de poche-Montparnasse, 75, boulevard du Montparnasse, 75006 Paris, tél. : 01 45 44 50 21, www.theatredepoche-montparnasse.com, métro Montparnasse-Bienvenüe (sortie bd du Montparnasse).

Photo : Brigitte Enguerand

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