Théâtre : « Amphitryon », de Molière mis en scène par Pierre-Guy Couleau en tournée nationale.

Bonne actualisation.
« Amphitryon » mis en scène par Guy-Pierre Couleau et qui va tourner jusqu'en mai prochain est une réussite à plus d'un titre. 
D'une part, tous les comédiens sont vraiment bons et au même niveau. Aucun ne fait d'ombre aux autres. Ils évoluent en phase avec le décor et les effets spéciaux. Seul bémol : en fonction de l'acoustique des lieux, les propos de Mercure lorsqu'il est dans le ciel en début de pièce peuvent être compris ou déformés par l'écho. 
D'autre part,Guy-Pierre Couleau a trouvé la juste distance entre un « Amphitryon » dans son jus – mais qui serait devenu butte-témoin d'une époque – et une adaptation qui aurait été une réécriture de la pièce en fonction de l'imagination et des phantasmes du metteur en scène. En effet s'il n'a pas hésité à y intégrer des chansons de Terez Montcalm (« Je n'attendais que toi ») ou Melody Gardot (« les Étoiles ») ainsi que l'aria du « Samson and Delilah » de Klaus Nomi, on constate d'une part qu'il a respecté la forme d'interlude déjà utilisée par Molière et d'autre part que ces airs sont parfaitement adaptés au propos de la pièce. 
Enfin, le jeu et la mise en scène de ce travail montrent justement comment son propos va au-delà d'un simple divertissement et atteint le stade d'une réflexion sur le pouvoir et la croyance. 
Molière, même s'il n'a pas rencontré Galilée n'en était sans doute pas moins sceptique que lui et c'est ce qu'il sous-entend lorsqu'il montre des dieux menteurs, donc ne pouvant incarner la vérité. De la même façon, obliger Sosie sous peine d'être roué de coups à dire qu'il n'est pas lui-même est une façon d'éclairer les limites de la relation entre l'artiste et son mécène (une illustration actuelle se trouve dans la façon dont des organismes comme l'Unesco proposent à des artistes syriens de les aider à condition que leurs œuvres ne soient pas politiques). 
Le metteur en scène met bien en valeur ces traits de même qu'il montre combien cette pièce est une réflexion sur l'identité. Qui est-on, surtout si on doit renier son identité ?
De ce fait, ce spectacle fait passer un excellent moment en même temps qu'il ouvre des perspectives sur notre condition et nos limites.
Pierre FRANÇOIS
« Amphitryon », de Molière. Mise en scène : Guy-Pierre Couleau. Avec : Isabelle Cagnat, Luc-Antoine Diquéro, Kristoff Langromme, Nils Öhlund, François Rabette, Jessica Vedel, Clémentine Verdier. 
Le 5 novembre au Carré Sainte-Maxime à Sainte-Maxime, le 8 au Théâtre de l'olivier à Istres, le 17 à l'ABC scène nationale de Bar-le-Duc, du 22 au 25 à la Comédie de Béthune centre dramatique national du Nord-Pas-de-Calais, le 30 au Théâtre 71 scène nationale de Malakoff, du 17 au 28 janvier au Théâtre des Célestins à Lyon, le 22 mars au Théâtre Victor Hugo de Bagneux, les 10 et 11 mai au Bateau feu scène nationale de Dunkerque.

Photo : Pierre Francois.

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