Théâtre : « Maladie de la jeunesse » de Ferdinand Bruckner au Théâtre de la Tempête (Cartoucherie) à Paris.

Si actuelle.
« Maladie de la jeunesse » est une pièce d'une brûlante actualité. Elle est pourtant écrite à mi-chemin entre le Traité de Versailles et l'avènement de Hitler. La jeunesse allemande du temps n'a sous les yeux que des échecs : la défaite, la République avortée de Weimar. Elle a conscience que les modèles qui lui sont présentés sont périmés mais, au lieu de les prendre à bras le corps, s'étourdit dans un divertissement nettement plus sentimental que philosophique. Bruckner décrit ici autant le passage à l'âge adulte que le malaise d'une civilisation à travers des jeune qui aiment sans s'aimer ou qui s'aiment sans aimer, ce qui revient au même. Entre ceux et celles qui vivent des amours d'attente dans l'espoir que la personne désirée finisse par les remarquer et ce chef d'orchestre aussi manipulateur qu'alcoolique qui s'amuse à ruiner les élans généreux des autres et à cultiver leurs dépendances, on est complètement pris par un jeu très crédible.
La seule limite de cette pièce tient au fait qu'on a du mal à imaginer quand les comédiens (qui ne sortent que peu de scène) sont censés assister ou non à ce qui se joue sous leurs yeux, dans la mesure où la convention n'est pas explicite. Pour le reste, certes, ce spectacle montre la face noire de l'humanité – ce qui n'est pas particulièrement distrayant – mais avec tant d'humanité, justement, qu'on ne lui en veut pas.
Pierre FRANÇOIS
« Maladie de la jeunesse », de Ferdinand Bruckner. Avec Clémentine Allain, Thomas Fitterer, Clovis Fouin, Louise Grinberg, Félix Kysyl, Aure Rodenbourg, Marion Trémontels. Mise en scène : Philippe Baronnet. Jusqu'au 14 février du mardi au samedi à 20 h 30 au Théâtre de la Tempête, route du champ de manœuvre, 75012 Paris, métro Château de Vincennes puis navette gratuite ou bus 112, tél. : 01 43 28 36 36, www.la-tempete.fr
Photo : Olivier Allard.

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