Sortie d’amnésie.
« Le Bétin » est un spectacle émouvant, donc réussi. Il traite toutefois un sujet souvent évoqué, celui des violences familiales. Mais l’aborde de façon oblique et pourtant pertinente. L’action principale se passe dans le cabinet d’une psychanalyste, avec de réguliers rappels-éclairs ou illustrations de ce qui s’y dit. Le procédé met bien en valeur le fait que la cure dénoue l’amnésie traumatique.
On croit aux personnages dès le début. Une mention particulière doit être faite à celui de la psychanalyste, tenu par Bérengère Dautun, qui fut sociétaire de la Comédie française. Elle est parfaite, tant dans la justesse du jeu que dans le travail des intonations. Celui du patient frappe par la progressivité de son évolution. Le père et la mère vivent des failles telles qu’il leur est impossible d’être réellement aimants, et les montrer permet d’éviter un portrait en noir et blanc seulement. La fiancée d’enfance fait vivre au public – et au principal intéressé – des instants de légèreté.
Les éclairages, la musique et le décor sont cohérents et soulignent opportunément le propos.
Faut-il regretter les rares longueurs lorsque l’on sait que la pièce est autobiographique ? Non, dans la mesure où cette tranche de vie est aussi leçon pour tous, et sans doute baume pour certains. Une délicatesse certaine court d’un bout à l’autre du spectacle, et l’on en est reconnaissant à l’équipe artistique, qui a ainsi su dire sans désespérer.
Pierre FRANÇOIS
« Le Bétin (un destin extra ordinaire) », de et mis en scène par Olivier Lusse Mourier. Avec Bérengère Dautun, Thomas Priscoglio, Maurine Dubus, Antoine Gatignol, Manon Potier. Créateur pantin : Christophe Kiss. Lumières : Guillaume Buge. Décor : Claude Chapuis. Du jeudi au samedi à 21 heures, dimanche à 14 h 30 jusqu’au 1ᵉʳ juin au Studio Hébertot, 78 bis, boulevard des Batignolles, 75017 Paris, métro Villiers ou Rome, tél. 01 42 93 13 04, https://studiohebertot.com/spectacles/le-betin/