Itinérance physique, itinérance artistique.
« La Nomad House » n’est pas un spectacle. C’est une itinérance artistique autour du thème de… l’itinérance. Elle parcourt l’Europe, de Bruxelles à Paris en passant par Potsdam, Thessalonique et Partinico, avec un crochet maghrébin à Sousse. Au programme de chaque étape, une conférence, un village associatif mettant en valeur les structure œuvrant en faveur des migrants, une exposition, un spectacle – « Le Songe », inspiré du « Songe d’une nuit d’été » abordé sous l’angle de la migration – et parfois un bonus.
Celui de la ville de départ – Bruxelles, donc – a consisté à célébrer l’anniversaire de l’immigration marocaine et turque en Belgique par un concert et la représentation d’une deuxième pièce, « La vie, c’est comme un arbre ». Quant au « Songe », pièce commune à toutes les villes, s’il est joué par les comédiens de la troupe belge, ils s’y ajoutent des personnes migrantes différentes selon les étapes, ce qui a nécessité une réflexion sur la façon d’organiser le spectacle.
Paris, ultime étape du voyage – du 5 au 9 juillet – fait le pendant à la capitale belge en programmant le spectacle « Les Filles de la mer » en plus du programme commun à toutes les étapes.
Cette dernière pièce se présente comme une île à l’envers, une arène autour de laquelle le public prend place. Le thème est ici celui de la migration des femmes, ce qui n’est pas anecdotique dans la mesure où elles représentent la moitié de la population en déplacement*. La pièce se veut un hommage (« femmage », dit la co-metteuse en scène) à Pippa Bacca**, cette artiste promouvant la fraternité violée et assassinée en Turquie***. Ceci étant posé, même si l’on saisit l’esprit féministe de la compagnie théâtrale, Lucile Cocito précise bien que son langage reste celui de l’art. Ainsi, les choses sont dites, clairement et indiscutablement dans la mesure où il s’agit de témoignages de vies, mais sans qu’aucune thèse soit défendue ou leçon assénée.
Le but de cette initiative itinérante est ailleurs : à travers la gratuité des manifestations – qui sont un projet européen – c’est la foule de ceux qui se croient exclus du monde culturel qui est visée. C’est aussi dans ce but qu’a été noué un partenariat avec le 12ᵉ arrondissement. Lequel est directement concerné puisque la conférence intitulée « Femmes en mouvement : parcours migratoires et expressions artistiques. Une rencontre autour des migrations féminines et des arts » – le 6 juillet à 10 h 30 – a lieu au Musée national de l’histoire de l’immigration, que la journée associative se déroule – le dimanche 7 juillet de 11 heures à 17 heures – à la Cartoucherie et que les pièces sont jouées – du 5 au 9 juillet – au Théâtre de l’épée de bois.
Pierre FRANÇOIS
Programme complet : https://lanomadhouse.com/ et https://artistique-theatre.fr/
*https://www.migrationdataportal.org/fr/themes/sexospecificites-et-migration
**https://www.pippabacca.it/category/sposa-in-viaggio/
***https://www.journaldesfemmes.fr/societe/combats-de-femmes/2441473-pippa-bacca-art-combat-paix-meurtre-italie-turquie/
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