Méditation et bilan.
« Dernières notes » est-il encore un spectacle de théâtre dans la mesure où il se termine par un concert ? Peu importe, les deux sont savoureux. Il est juste préférable d’apprécier Beethoven et le piano, comme Romain Rolland qui en jouait lui-même.
La façon dont l’intéressé se raconte est astucieuse. Loin de s’adresser à qui que ce soit, il médite, s’emporte, revient sur ce qu’il aurait pu ou dû faire, ce qui renforce le caractère intime de la pièce sans devoir jouer la confidence faite à un tiers. Même si, à la longue, on réalise que l’interprète est plus musicien que comédien, on reste accroché à un récit riche en détails, mais toujours pour rejoindre l’essentiel. Il est chez lui, seul, sa femme est à la messe et il confesse une incroyance qui n’élude pas la recherche spirituelle : la Bible, Pascal, Claudel (qu’il a connu) nourrissent, entre autres, sa réflexion. Sa manière d’aborder le débat entre foi et raison est originale : « une foi est un orgueil, car c’est une certitude » assène-t-il, avant de noter que la raison aussi est un don de Dieu.
Si ce pacifiste apprécie tant Beethoven, c’est parce que c’est « un combattant » et que « la vérité n’est pas tant une position à maintenir coûte que coûte, elle est devant, à conquérir ». Celui qui fut d’abord connu comme critique musical médite aussi ici sur l’importance de la musique dans sa vie, ce qui sert de transition avec un morceau de piano dont la longueur ne lasse pas tant ce qui a précédé – et le jeu au clavier – garantit une communion avec le public.
Pierre FRANÇOIS
« Dernières Notes », de Michel Mollard. Avec Guilhem Fabre. Mise en scène : François Michonneau. Du jeudi au samedi à 19 heures, dimanche à 17 heures jusqu’au 22 octobre au Studio Hébertot, 78 bis, boulevard des Batignolles, 75017 Paris, métro Villiers ou Rome, tél. 01 42 93 13 04, https://studiohebertot.com/spectacles/dernieres-notes/
Photo : Pierre François, d’autres sur https://www.instagram.com/pierrefrancoisphoto/