Musique : Andreïa, Ya entendi, CD et concert au festival Sunset Vocal Session* le 3 juin.

Chanteuse et poétesse.
Le texte est-il plus important que la musique pour Andreïa ? Elle en parle plus que des rythmes quand elle évoque les titres de son album… Mais elle a déjà rempli la salle du Sunset – où elle revient le 3 juin prochain* – et est dans les derniers sélectionnés pour le Crest jazz vocal.
Autant dire qu’elle tient l’équilibre – et à bonne hauteur ! – entre les deux. D’ailleurs, si ses études n’avaient pas été musicales, elles eussent été de langues, avoue-t-elle. Y a-t-elle réellement renoncé, elle qui, venant de Colombie, formule désormais en français ses sentiments, aujourd’hui sur une des plages du CD** qu’elle sort, sur l’ensemble pour le suivant ?
Pourquoi la France ? Pour André Minvielle, répond-elle. Elle promeut des airs qui viennent de la frontière entre le Venezuela et son pays. Le pasillo, qui fait partie des trésors locaux oubliés, est apparenté à la musette. C’est parce qu’André Minvielle a écrit des textes pour les musiques de Gus Viseur qu’elle s’est autorisée à en mettre sur ce genre musical. Délibérément, elle abandonne les salsa, cumbria et reggaeton : elle veut faire danser les cœurs plus que les hanches. Par contre, elle recourt au bercement du bambuco – un autre air en trois quatre – ou de musiques brésiliennes (elle y fait beaucoup de clins d’œil dans son album) et argentines, spécialement la zamba et la chacarera.
Mais il ne faut pas s’y tromper, nous ne sommes ni dans le folklore, ni dans la variété.
En effet, si Andreïa reprend des mélodies traditionnelles, les critiques colombiens qui ont assisté à son premier concert à Bogota ont constaté que cette musique sonne différemment du répertoire habituel, elle qui réactualise des rythmes oubliés.
Quant aux thèmes de ses chansons, même si l’une ou l’autre parle d’amour, elles partent toutes de son expérience de vie… et d’une bonne dose d’autodérision. Le titre de son album – Ya entendi – en témoigne, qui signifie « J’ai compris ». Quoi ? Que chaque chose vient en son temps, qu’il est sain de se moquer de soi-même, de lâcher prise et de saisir les enseignements que la vie nous donne.
Bref, cet album, pense-bête pour elle, est aussi un partage avec nous. Il est alors logique d’affirmer que celle qui est passée – entre autres – par le groupe de jazz vocal des « Voice messengers » produit une musique à texte.
Ainsi Invierno, qui renvoie au rythme de la chacarera, parle de sa découverte de cette saison… et lui a servi à bien accueillir le raccourcissement des journées. Todavia no, sur un air instrumental moderne de pasillo, sans parler explicitement d’amour, renvoie à un choix se présentant prématurément. Te repito est – l’on retrouve ici son amour de la langue – un puzzle dans lequel chaque mot commence comme a fini le précédent. Son rio est encore un jeu de mots entre rio, le fleuve ou le verbe rire. C’est aussi la chanson la plus dansante, qui compare la Colombie à l’eau qui craint de mourir dans la mer et s’y perd quand même. No me simpatizo est de la pure autodérision, puisqu’elle y critique sa propre humeur. Bout de chemin, en français, est sur un air de pasillo. Ceder aborde la question du détachement. Mancha, « la tache », s’inspire du procédé de « Correspondances » de Baudelaire et exprime des souvenirs à travers des images pour pallier l’impuissance des mots. Viejito moi, « Mon petit vieux » est un terme très affectueux pour s’adresser à son père et lui dire le besoin qu’elle a de lui.
Pierre FRANÇOIS
*Concert le 3 juin à 21 h 30 dans le cadre du festival Sunset Vocal Session, au Sunside , 60, rue des Lombards, 75001 Paris. Plus d’informations sur www.andreiamusic.com et code promotion 5AA0306 (20 € au lieu de 25 €) sur www.sunset-sunside.com.
**Andreïa, Ya entendi. L’album est sur toutes les plates-formes numériques, 300 CD physiques sont disponibles auprès d’Andreïa via les réseaux sociaux (Insta : @andreia_musica ; FB : Andreia Music) ou à la sortie de ses concerts.

Photo : Pierre François.

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