Écoute, parole et vie.
Quant à l’auteur saisi par une « hypnose créatrice », témoin privilégié d’un chant intérieur, il en est tellement peu le propriétaire que d’autres sauront le retranscrire pour tel ou tel média sans en altérer le fond. Qu’en est-il de l’auteur qui est également un de ses transcripteurs : le metteur en scène chef de troupe ? Il ne répond pas réellement, mais s’incline devant Molière, Shakespeare, Brecht, Lorca, Artaud. Et se souvient que seuls deux livres sont à consulter pour saisir la relation entre le texte et son interprétation : « La Poétique » d’Aristote et « Le Théâtre et son double » d’Artaud. Se souvient encore comment il ressentit combien la lecture « accomplie » est la sublime forme du théâtre : rien pour distraire, que le texte dans sa pureté, auquel le comédien prête toute sa vie. Une vie située dans une époque et un milieu, car aucun texte n’est « invariable », tous sont même sujet à des influences apparemment mineures qui pourtant vont changer le sens de la pièce.
Pierre FRANÇOIS
* « Théâtre complet, tome I : théâtre d’encre », Claude-Henri Rocquet, aux éditions éoliennes, 300 pages, 26 €, ISBN 978-2-911991-98-1 (fichiers numériques) ou 978-2-911991-99-8 (impression à la demande). On est sûr de trouver cet ouvrage à la Librairie Busser, rue Monge, à Paris.
(à suivre)