Lieu sacré.
Et le théâtre là-dedans ? Il est le lieu « du sentiment du sacré » qui nous permet, au-delà de notre illégitimité à le fouler, de « gifler la mort » grâce au rire libérateur face à une comédie ou à une farce. Ce ne serait pas possible ailleurs, et de rappeler ces lieux dans lesquels on se sent mystérieusement serein ou angoissé et dont on apprend ensuite qu’ils furent en quelque sorte consacrés par une présence qui y a laissé son empreinte de vie ou de mort. Présence que l’acteur doit cultiver par exemple en apprenant à voir par telle partie de son corps ou à émettre une émotion par telle autre partie. Le premier théâtre, rappelle-t-il, c’est le sanctuaire de Lascaux dont les murs sont bien plus qu’un décor : un rythme, une musique, une harmonie visible qui est là pour faire vibrer des âmes qui pressentent déjà qu’elles sont plus que leur apparence corporelle. Ce qu’éprouve le spectateur invité à monter sur une scène est du même ordre : il n’est plus simplement spectateur, il vit autre chose.
Pierre FRANÇOIS
* « Théâtre complet, tome I : théâtre d’encre », Claude-Henri Rocquet, aux éditions éoliennes, 300 pages, 26 €, ISBN 978-2-911991-98-1 (fichiers numériques) ou 978-2-911991-99-8 (impression à la demande). On est sûr de trouver cet ouvrage à la Librairie Busser, rue Monge, à Paris.
(à suivre)