Musique et livres : portrait de Joshua Lawrence, chanteur (« Double Je ») et poète*.

Joshua Lawrence rend hommage à Michel Berger en chantant une sélection de chansons qui disent toutes quelque chose de la poésie autant que de la vie de cet auteur-compositeur qui a bercé son enfance. Mais qui est-il ?


Si Joshua Lawrence s’efface devant Michel Berger pendant sa prestation, il ne dissimule pas une sensibilité qui rejoint celle des poètes-auteurs-compositeurs. Il révèle cette facette à la fin de ce spectacle, lorsqu’il interprète une de ses propres chansons, après avoir averti que la question n’est pas celle de la postérité, mais de tout ce qui reste encore à faire. Propos de pur cherchant à servir une œuvre – la sienne ou celle d’un autre, peu importe – offrant du bonheur aux personnes qui vivent en exil de leur conscience ou de leurs racines.
On devient alors curieux de mieux connaître celui qui se cache derrière ce masque du serviteur, non pas souffrant, mais au moins quasi inutile, ne se révélant que par une incise par-ci – la minute de silence du spectacle autant dédiée, in petto, à son père qu’à tous les artistes – ou une parenthèse par-là, par exemple, l’impossibilité d’écrire sur autre chose que ce que l’on vit. Il avoue être porté par un immense amour de la musique (qui fait penser aux lettres de Rilke à un jeune poète) et vouloir promouvoir une époque particulièrement poétique de la chanson française. C’est tout cela qu’il porte sur scène, ainsi que le partage des valeurs qui ont donné naissance à ces œuvres et l’accès à tout un monde musical.
Il peut porter cette ambition, celui qui omet d’avouer avoir été lauréat du Grand concours International de piano salle Cortot à Paris ou du prix littéraire André Ferrand, récompensé par le jury de Muzikenvie à Aix-en-Provence pour sa chanson « Errance », parrainé par Francis Lalanne, l’auteur de l’album « Qui es-tu ? » (trois autres suivront) dont la chanson « Fantômes du jour » a été diffusée sur les ondes de tout le monde francophone, et l’on pourrait poursuivre…
On est touché par la sincérité et la simplicité du personnage. Sa sensibilité aussi. On le sent au service d’une réalité qui le dépasse. Peut-être est ce pour cela qu’il a tant de projets, après le festival d’Avignon de cet été : une tournée en France, un nouvel album, un recueil de poésies (après un roman et un essai sur George Sand), trouver un producteur pour sa pièce de théâtre et, bien sûr, continuer à animer le concours national de piano Mouvement contraire.
Pierre FRANÇOIS

*« Chansons poétiques », au Lys Bleu et « Fragments », chez Julien Nègre éditeur, sous le nom de Joshua Laffont-Cohen.

Photo : Pierre François.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *