Chez les critiques dramatiques, une collègue versifie pendant les spectacles : Béatrice Chaland. Elle a la bonté de nous fournir régulièrement les poèmes publiés sur son site : https://bclerideaurouge.wordpress.com. Paraissent ici les spectacles qu’elle a notés au moins 3 / 5, surtout pendant les festivals d’Avignon, histoire de nous faire oublier que nous en sommes privés cet été.
C’est un État coupé en deux qui se déchire
En long et en large sur le pont des soupirs.
La musique, comme un souffle, siffle aux oreilles
De la juste injustice à nulle autre pareille.
L’apatride garde timidement son feutre,
Couvre-chef qui le maintient sur le grand pont neutre.
«Allers-Retours» qui n’aboutissent «nulle part»
Et qui donnent dangereusement le cafard.
Myopie gouvernementale qui fend l’air,
Le brasse totalement d’avant en arrière.
Une situation absurde à la frontière
Où l’on crève coincé sous les barres de fer.
Un défilé de personnages, haut en couleurs,
Mais qui ne se retrouvent plus dans les valeurs
Délirantes imposées par des chefs imposteurs.
A «L’Épée de Bois», ils débattent de tout cœur.
Parodie ubuesque de «lois inhumaines»
Où l’action tragi-comique jamais ne traîne.
A eux huit, ils vont à la pêche aux solutions,
Décortiquant quelques bonnes résolutions.
Un texte prémonitoire, encore actuel,
Doté de pertinence cinglante et cruelle.
Un pont fluctuant rejeté entre deux rives
Où s’évanouissent fumées à la dérive.
Béatrice Chaland / b.c.lerideaurouge
https://bclerideaurouge.wordpress.com
De Odön von Horvàth. Traduction Henri Christophe. Mise en scène Alain Batis. Dramaturgie Jean-Louis Besson. Par la «Compagnie La Mandarine Blanche». (Paris, 23-12-2018, 16h00).