Théâtre : « Colette l’indomptable », de Gaël Lepingle au Théâtre Montmartre-Galabru, à Paris.

L’égoïsme comme baume réparateur.
« Colette l’indomptable » est un spectacle au rythme enlevé qui se donne dans la salle intimiste du théâtre Montmartre-Galabru. C’est devant un décor sobre et modulable que Colette évolue chez elle, dans les trains, sur scène… Le qualificatif de vivant est tout à fait adapté à ce spectacle musical tant il est bourré de réparties et d’authenticité. On croit au personnage de Colette, quitte à la trouver cruelle et égoïste, et on s’apitoie sur celui de Missy, la compagne fortunée qui la soutient. On tombe d’accord avec le clown saltimbanque qui a bien perçu que Colette ne resterait pas dans la troupe. On sent combien cette exposition d’elle-même est une thérapie pour se reconstruire. De ce point de vue, la pièce illustre parfaitement la thèse selon laquelle – car il y a des contradicteurs* – « on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Cette pièce, centrée sur la vie sentimentale de Colette, donne à réfléchir sur les relations entre la sensualité et l’affirmation de soi ainsi que sur le passage obligé que constitue cette étape pour commencer à exister.
Pierre FRANÇOIS
« Colette l’indomptable », de Gaël Lepingle. Avec Ariane Carmin, Mia Delmae, David Koenig. Musique : Julien Joubert. Mise en scène : Gaël Lepingle. Lundi à 19 h 30 jusqu’au 6 mai (relâche le 29 avril), jeudi à 21 h 30 jusqu’au 2 mai, dimanche à 16 h 30 jusqu’au 28 avril, 16 h 45 le 5 mai au Théâtre Montmartre-Galabru, 4 rue de l’Armée d’Orient (en face du 53, rue Lepic), 75018, Paris. Métro Blanche, Abbesses. Durée : 90 minutes. Places à 20 € , tarif réduit à 14 €. https://theatregalabru.com/colette-lindomptable/

*Ainsi, parmi ceux qui partagent cet avis, l’on trouve Frédéric Mitterrand. Jeanson complète cet avis d’une pique : « Ainsi la Bible, quel chef-d’œuvre ! ». De son côté, Elsa Triolet tempère : « les bons sentiments ne font pas de bons livres, je sais ça par cœur, mais les mauvais sentiments ne font pas forcément de mauvais livres ». en face, l’on trouve Houellebecq (« C’est avec les bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature. ») ou Jean-Paul Sartre (« Je n’ai jamais cru qu’on faisait de la bonne littérature avec de mauvais sentiments. Mais je pense que les bons sentiments ne sont jamais donnés d’avance : il faut que chacun les invente à son tour. »)

Photo : Elisabeth Renault-Geslin.

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