Théâtre : « Faire corps », de et avec Sophie Galitzine au théâtre Essaïon, à Paris.

Chair blessée, esprit en déroute.
C’est peu de dire que « Faire corps » suscite des réactions contrastées en fonction du passé de chaque spectateur. Certains – la plupart – rient, d’autres contestent tel chiffre ou telle impasse sur l’histoire de l’Église (par exemple la confusion entre les vœux monastiques – pauvreté, chasteté, obéissance – et la loi de l’Église sur le célibat des prêtres diocésains qui leur fait vivre la même réalité sans avoir prononcé le moindre engagement), d’autres enfin restent interloqués par tant d’interdits concernant le corps.
Le jeu est vif et le rythme sans faiblesse. Si l’on peut regretter que tous les personnages de religieuses soient semblables dans leurs attitudes, chacun des témoignages traite un angle particulier de la négation du corps. Il est intéressant que cela ne se soit pas cantonné à l’aspect sexuel, mais que des réalités comme l’infantilisation aient été abordées. L’alternance entre ces derniers et l’intervention d’une sexologue fantasque devant la Curie introduit une dose de légèreté tout en continuant à traiter la question.
Comme dans tous les spectacles de Sophie Galitzine, une grande part est faite à la chorégraphie, ce qui est une façon privilégiée de parler du corps. Les symboles parlent, de la boxeuse amoureuse à la femme qui voile sa souffrance. La présence masculine est assurée par une voix enregistrée dont les propos se situent sur un registre qui, à l’inverse du discours féminin, met en valeur le raisonnement avant les sentiments, mais sans les rendre indépendants. On a là un spectacle bien construit, efficace et, surtout, qui a su partir de la réalité de l’image (désastreuse) de l’Église auprès du grand public pour en préciser ou modifier les contours.
Pierre FRANÇOIS
« Faire corps », de et avec Sophie Galitzine. Direction artistique : Angelo Foley. Co-metteuse en scène : Florence Savignat. Voix : Thibault de Montalembert. Aide chorégraphe : Magali Duclos. Lumières : Pierre Blostin. Jeudi et vendredi à 21 heures jusqu’au 7 avril au théâtre Essaïon, 6, rue Pierre au lard, 75004 Paris, https://www.essaion-theatre.com/spectacle/1000_faire-corps.html

Photo : Pierre François.

https://www.instagram.com/p/Cp3P3dKrMK7/

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