Théâtre : « Et pourtant j’ai besoin d’amour », lettres d’auditeurs envoyées à Ménie Grégoire, réunies et mises en scène par Etienne Coquereau aux Déchargeurs, à Paris.

Authenticité.
Ménie Grégoire a animé une émission de 1967 à 1981 et elle recevait (très) majoritairement des lettres de femmes. Etienne Coquereau, à la recherche d’un matériau objectif montrant comment les hommes se ressentaient au moment de l’avènement du féminisme et des lois sur la contraception et l’avortement, s’est intéressé aux lettres d’hommes qui lui sont parvenues entre 1967 et 1973.
Il en résulte un spectacle stupéfiant d’actualité, au moins sur le fond.
La mise en scène est aussi spartiate qu’un studio de radio. Les costumes – haut noir et pantalons blanc ou gris – suivent le même chemin. Les personnages – Ménie Grégoire ou ses assistants à moins que ce ne soient les expéditeurs des courriers – sont interchangeables. C’est l’accessoire – micro ou feuille de papier et enveloppe – qui indique quel est l’intervenant. De ce point de vue, ce spectacle se rapproche beaucoup de « L’Amour en toutes lettres, questions sur la sexualité à l’abbé Viollet, 1924-1943 » par la compagnie des hommes, joué près de 400 fois depuis 1999.
Si certaines lettres font double emploi, toutes sont émouvantes – les spectateurs qui rient n’ont manifestement rien compris au fond du propos – et disent quelque chose tant de l’identité masculine que de la relation avec les femmes. Une femme sans homme est peut-être comme un poisson sans bicyclette, mais un homme sans femme reste un point d’interrogation, même pour lui-même.
Le jeu est à la fois sobre – chaque lettre est juste lue, le comédien ou la comédienne restant immobile tandis que les autres sont silencieux – et varié – les courriers donnant, à travers le ton et le rythme auquel ils sont donnés, une idée de l’identité et du caractère de l’expéditeur. Captivé par la variété et la vérité des propos, on voit à peine le temps passer.
Pierre FRANÇOIS
« Et pourtant j’ai besoin d’amour », lettres d’auditeurs envoyées à Ménie Grégoire, réunies et mises en scène par Etienne Coquereau. Avec : Florent Houdu, Sophie-Anne Lecesne, Adrien Michaux. Lumières : Léo Lequesne. Son : Nicolas Roth. Scénographie : Sarah Garbarg.
Du jeudi au samedi à 21 heures jusqu’au 25 mars au Théâtre des déchargeurs, 3, rue des Déchargeurs, 75001 Paris ; tél. 01 42 36 00 50. Métro Châtelet (sortie rue de Rivoli ou place Saint Opportune), RER Châtelet-les-Halles (sortie Porte Marguerite de Navarre).

Photo : Pierre François.

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