Livres : « Les Casadesus », de Frédérick Casadesus, aux éditions du Cerf.

Une saga.
Le titre – « Les Casadesus » – est d’une sobriété exemplaire, le ton est affectueux, l’écriture légère et pudique, c’est un livre que l’on a plaisir à prendre, laisser et reprendre, comme on se repasserait les épisodes d’une série dont on connaît le style général.
Écrit par un des membres de la tribu – Frédérick – né en 1959, il relate la saga de cinq générations d’artistes ; autant dire que, même aidé par le chapitre intitulé « Les Personnages du livre par ordre d’entrée en scène », on est un peu perdu. Cela n’a pour autant aucune importance : le livre relate comment un esprit imprègne une famille – chacun jouant sa partition ou sa variation – tout en laissant à ses membres une marge de liberté (parfois chèrement conquise).
On s’attache rapidement à tous les énergumènes composant cette fresque ; c’est que leurs originalités subliment souvent des fragilités comme nous aimerions le faire des nôtres. En ce sens, ils constituent presque autant de modèles. Pour qui n’a entendu parler que de Gisèle, la découverte est grande, même si l’on sait – on pense ici aux Roumanoff ou aux Terzieff* – que les familles d’artistes sont chose aussi courante que celles de médecins ou d’avocats, mais en moins coincées, le point commun étant de devoir fournir un travail acharné.
La façon dont les uns s’affirment tout en aidant autrui sans toutefois aller jusqu’au passe-droit ou prennent un nom d’artiste différent pour ne pas faire d’ombre à tel autre suggère un mode de vie certes en dehors des sentiers battus, mais pas moins imprégné du souci de l’honnêteté et du sens du service. De ce point de vue, le livre rend un signalé service à tous ceux – et ils sont hélas nombreux ! – qui imaginent la vie d’artiste comme une bohème amorale faite de vacances perpétuelles, entrecoupées de quelques moments où l’on mettrait un talent inné en exergue. Mais sont-ils à même de comprendre leur erreur ?
Pierre FRANÇOIS
« Les Casadesus », de Frédérick Casadesus, aux éditions du Cerf, 224 pages, 20 €.

*Et au livre « Les Terzieff – Chronique d’une famille », de Catherine Terzieff, chez L’Harmattan.

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