Théâtre : « Grande ourse », d’Étienne Bianco au Théâtre des déchargeurs, à Paris

Seul et multiple.
En découvrant que le comédien interprète deux personnages, on se dit « un spectacle solo de plus ! ». Mais c’est compter sans son talent ni celui des régisseurs de la lumière et du son. Ce garçon personnifie une fille – comme au Moyen Âge – confrontée tant à des personnages masculins que féminins et cela ne gêne nullement. Le propos de la pièce est astucieux : nous sommes avec une batteuse dans sa loge une heure avant l’entrée en scène et, dans son courrier, elle reçoit son propre journal intime, envoyé par sa mère. Elle le feuillette, et nous avec elle.
C’est à six ans que Zélie commence à noircir ce cahier. Nous découvrons avec elle son talent pour le tambour puis la batterie, les tourments intimes du collège, les années lycée, l’opposition permanente du père qui lui veut un « vrai » métier, les pleurs cachés de la mère une fois qu’elle est partie du nid, les métiers alimentaires, le moral en montagnes russes…
On ne compte pas le nombre de personnages incarnés, à chaque fois avec autant de justesse.
On rit beaucoup à l’écoute des cours suivis au lycée, on est ému par la mère, on se demande quand le père arrêtera de rater les occasions de rencontre. Chaque phrase nous rappelle des propos entendus ou une situation vécue. Ce spectacle est touchant, drôle, vrai et l’on ne voit pas le temps passer.
Pierre FRANÇOIS
« Grande ourse », d’Étienne Bianco. Avec Luc Rodier. Mise en scène : Guillaume Jacquemont. Lundi, mardi et dimanche à 19 heures jusqu’au 22 février au Théâtre des déchargeurs, 3, rue des déchargeurs, 75001 Paris, métro Châtelet, sortie 11 (rue de Rivoli), 12 (rue Bertin Poirée) ou 14 (Saint-Denis), RER A Châtelet-Les Halles. Tél. : 01 42 36 00 50, https://www.lesdechargeurs.fr/spectacles/grande-ourse/

Photo : Pierre Francois.

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