Théâtre : « Bambina », de et avec Serena Reinaldi au Théâtre Lepic, à Paris.

Quand on demande à la comédienne-auteur où commence la fiction dans « Bambina », elle répond que si elle s’était prostituée elle serait riche, mais que le personnage de la mère s’inspire de la sienne : c’est dire à quel point elle s’implique dans son rôle. Mais lequel ? Celui de la Messaline mineure qui fit tomber Berlusconi, écoutes policières à l’appui ? Pas si sûr, car cette histoire de putes sert surtout de catapulte à une réflexion globale sur la condition de fille, puis de femme, face à toutes sortes de pouvoirs.
Il
n’y a qu’ainsi que deviennent cohérents les épisodes s’éloignant du Rubygate – notamment l’entrée en politique de l’héroïne – et la volonté affichée de vouloir changer le monde.
Le sujet est traité avec une humanité qui sublime toute la question. Les descriptions douteuses, loin d’enliser le propos, sont utilisées pour – à chaque fois – aller plus loin. Les lieux communs sont largement dépassés, y compris dans une conception peu courante du féminisme. Les références régulières à la mère aussi pieuse que maltraitante et à la prière du Notre Père donnent à réfléchir bien au-delà de l’anticléricalisme – pris ici dans son sens premier – qu’elles véhiculent.
On est époustouflé par la présence que la comédienne dégage, par la façon dont elle tient le rythme durant plus d’une heure et par une vérité de jeu qui nous fait prendre pour réelles bien des inventions !
Un
seul regret : la pièce ne se joue qu’une fois par semaine.
Pierre FRANÇOIS
« Bambina », de et avec Serena Reinaldi. Avec les voix de Christophe Alévêque, Laure Portier, Sébastien Rajon. Mise en scène : Sébastien Rajon. Costumes : Sarah Colas. Mardi à 19 heures jusqu’au 14 décembre au Théâtre Lepic, 1, avenue Junot 75018 Paris, tél. 01 42 54 15 12, https://www.vostickets.net/billet/PGE_MUR_IMAGE/5CwAAECaZqx2S0tpc3hZUEZKBwA?A11&A3=7

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