On y croit.
« Huckleberry Finn » s'intitule correctement « le musical ». Chanté, mais aussi joué et faisant appel aux marionnettes (qui stimulent parfaitement l'imagination de sorte qu'on y croit autant qu'aux personnages en chair et en os), il emprunte à tous les registres, jusqu'à – modérément – l'adresse au public avec invitation à participer. On croit immédiatement aux personnages d'Huckleberry comme de Jim, et même au maître de cérémonie malgré le jeu légèrement outré que lui impose son rôle c'est le même comédien qui interprète tous les rôles de personnage un peu rustre, ce qui crée une unité en même temps qu'il n'y a jamais de confusion quant au quidam qui s'exprime.
Le rythme entretient bien le suspense, même si quelques longueurs se font sentir vers la fin, sans doute du fait que les parties chantées interrompent le rythme des dialogues. Le conflit entre les principes inculqués à Huckleberry et la façon dont il comprend instinctivement les revendications de Jim est bien mis en évidence. On assiste à une double libération, celle de Jim par rapport à sa condition et celle d'Huckleberry par rapport à ses conditionnements. La pièce est fidèle au livre. Les lumières sont évocatrices. Même si ce n'est pas le spectacle du siècle, il vaut largement le détour.
Pierre FRANÇOIS
« Huckleberry Finn », d’après le roman de Mark Twain. Adaptation Didier Bailly et Hélène Cohen. Musique Didier Bailly. Mise en scène Hélène Cohen. Avec Morgane L’Hostis, Joël O’Cangha, Alain Payen. Théâtre de la huchette, 23, rue de la huchette, 75005 Paris, métro-RER Saint-Michel, tél. 01 43 26 38 99, http://www.theatre-huchette.com/a-laffiche/
Photo : Pierre Francois.