Théâtre : « La Lettre à Helga », de Bergsveinn Birgisson, montée par Le Château de fable.

Confessions sans concessions, par Clara.
Un homme à la fin de sa vie répond, de très longues années après, à la lettre qu'il a reçue de la femme qu'il aimait.
Seul en scène, le comédien incarne un vieux paysan islandais de retour sur sa terre natale. À l'aube de sa mort, il fait le point sur son existence, son quotidien fruste et difficile d'éleveur de mouton, ses relations avec sa femme et son amour illégitime pour Helga, qui habite la maison d'en face. Amour impossible et hésitant auquel il renonce avec peine.
C'est avec beaucoup de finesse et d'émotions qu'il livre au fur et à mesure sa philosophie de la vie ; celle d'un être simple, fidèle à son environnement : sa lettre se transforme en hymne à la nature, la géographie des lieux incite aussi bien à la poésie qu'à un érotisme champêtre réjouissant.
Cet univers poétique est soutenu par la présence sur scène d'un musicien qui accompagne la confession, tantôt légère et tantôt omniprésente.
La mise en scène offre un décor ingénieux : la petite bergerie de bois se transforme en vaste univers, montagnes, villes, océans, grâce à des effets visuels projetés d'une beauté froide et étrange.
Le comédien est juste. Ses regards sont troublants d'une tristesse infinie, et extrêmement touchant de sincérité.
Cette pièce de théâtre est un magnifique chant d'amour, sincère, passionné et palpitant, qui laisse une douce mélancolie. Elle se donnait jusqu'à la fin de l'année et on regrette infiniment que ses représentations, comme toutes celles de cette période, aient été malmenées par la frilosité engendrée par les événements sociaux.
Clara
« La Lettre à Helga », de Bergsveinn Birgisson ; trad. Catherine Eyjólfsson – Editions Zulma. Mise en scène de Claude Bonin assisté de Bénédicte Jacquard. Avec : Roland Depauw. Musique : Nicolas Perrin. Vidéo : Valéry Faidherbe. Scénographie : Cynthia Lhopitallier. Lumières : Vincent Houard. Décor : Alain Mériaux. Maquettisme : Vaderetro Studio.

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