Gagner son paradis
Pour beaucoup, la vie paraît absurde. Victor Haïm pose la question de savoir si l'accès à l'éternité l'est moins. Avec humour, et son texte est servi avec talent par deux comédiens dont l'affrontement nous tient en haleine.
« La Valse du hasard » est une pièce sur le jugement dernier. Une femme vient de mourir dans un accident de la route. Elle se retrouve face à un ange qui a toute l'apparence d'être sadique, sauf qu'il lui avoue que son rôle est d'aider les candidats à gagner les cents points qui font accéder à la béatitude. Pour devenir impétrant, rien de plus simple en apparence : il s'agit simplement de raconter sa vie. Deux règles principales régissent l'exercice : la sincérité fait gagner des points, les lieux commun en perdre. Les préceptes complémentaires sont, eux, d'une simplicité si biblique que nul ne comprend ce qui fait avancer ou reculer la femme dans sa quête du bonheur éternel.
Le lecteur aura déjà compris que le thème de la pièce n'a rien à voir avec la doctrine chrétienne et tout avec les représentations populaires du paradis, mais quelle importance ?
Les rôles sont bien tenus, on croit à chacun des personnages dès le début, on est anxieux pour la femme quand elle perd des points, content quand elle en gagne, on a envie de gifler cet examinateur qui paraît plus démoniaque qu'angélique, bref, on est pris. Et ravis d'être ainsi possédé par la magie du théâtre, certes, mais aussi le talent des comédiens.
Pierre FRANÇOIS
« La Valse du hasard », de Victor Haïm. Avec Patrick Courtois et Marie Delaroche. Mise en scène : Carl Hallak et Patrick Courtois. Du mardi au samedi à 19 heures, dimanche à 17 heures jusqu'au 13 mars au Studio Hébertot, 78 bis, Boulevard des Batignolles, 75017 Paris, tél. : 01.42.93.13.04, www.studiohebertot.com
Photo : Karl Galim.