Théâtre : « À contre-voix » au Théâtre de la reine blanche, à Paris.

Émotions intimes
On est durant l'entre-deux guerres. Deux femmes étrangères l'une à l'autre avec pour seul lien la musique et un désir de changement cherchent à faire un bout de chemin ensemble. Y parviendront-elles ?
« À contre-voix » est à mi-chemin entre le récital lyrique et le théâtre, mais sans doute un peu plus proche du théâtre. Pourquoi ? Si quelques beaux airs nous sont servis avec talent, on saisit rapidement qu'ils ne sont que les fondements d'une véritable intrigue qui met face à face deux femmes tentant de sortir de leurs prisons respectives. Lesquelles ? Parviendront-elles toutes deux à s'en libérer ? Les réponses à ces questions sont données au compte-goutte, entretenant le mystère et l'intérêt du public qui se prend de sympathie pour les personnages en même temps qu'il admire le talent des interprètes.
Cette pièce est une belle plongée dans l'univers du questionnement des artistes à propos d'eux-mêmes et de leur démarche. La façon dont la musique est présentée comme un chemin possible de libération donne envie d'y croire. Les réflexions sur la démarche scientifique sont aussi enrichissantes qu'étonnantes dans un contexte artistique. Les personnages sont complètement crédibles dès leur entrée en scène ; on partage avec eux leurs moments de doute, on souffre de leurs affrontements et blessures, on regrette leurs moments de superficialité ou de cachotterie. On a réellement l'impression d'être une petite souris en train de surprendre les conversations de loge.
La beauté de cette pièce est toute intime et en nuances : pas d'humour facile, pas d'émotion violente ou passe-partout,  mais une tentative partagée pour avancer, transformer des vies malgré les habitudes, les blessures. À ce stade-là, les quelques imperfections formelles servent les personnages en les rendant encore plus authentiques.
Pierre FRANÇOIS
« À contre-voix », d’Élisabeth Bouchaud. Avec Clara Schmidt, soprano, et Élisabeth Bouchaud. Mise en scène : Nathalie Martinez. Mercredi et vendredi à 21 heures, dimanche à 17 heures jusqu'au 20 mars (relâches exceptionnelles les 29 janvier et 12 février) au Théâtre de la reine blanche, 2 bis, passage Ruelle, 75018 Paris, tél. : 01 40 05 06 96, www.reineblanche.com

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