Théâtre : cinquante ans, dix ans, fin de parties ?

Le théâtre de l'Aquarium a 50 ans.
Et il est menacé de disparition ! Une fois de plus et alors qu'il y a plusieurs années que le ministère des Finances a noté que le secteur de la culture générait des retombées économiques supérieures aux sommes qui lui sont attribuées, le ministère de la Culture, sous couvert de mutualisation des moyens, cherche à réduire les frais sans tenir compte des retombées économiques et humaines auxquelles donne lieu un théâtre au bilan en équilibre malgré des subventions chiches.
La situation en est au point que tous les anciens dirigeants du lieu sont venus soutenir l'actuel directeur lors d'un débat mené autour du (bon) spectacle sur l'histoire de l'Aquarium. L'un de ces derniers, interrogé sur les options du ministère en matière de politique culturelle, répondait qu'il n'en savait rien dans la mesure où il se refusait à fréquenter un endroit dont les occupants ne mettaient même pas les pieds au théâtre !
Et ce n'est pas la seule salle dans ce cas. Le Grand parquet, cette fois-ci du fait de la Mairie de Paris, devient une annexe du théâtre Paris Villette. Il sera dévolu aux jeunes compagnies pour mettre au point leurs créations et, en fin de travail, s'ouvrir au public pour quelques représentations.
C'est le même genre de transformation qui guette le théâtre de l'Aquarium : fini le travail d'accueil du public, notamment des scolaires.
Dans les deux cas, on supprime toute programmation quotidienne et on fait table rase de la politique de ces lieux en direction du public (la direction du Paris Villette prétend que non, mais sans dire en quoi), que ce soit pour gagner de nouveaux spectateurs en les aidant à décrypter l'écriture des auteurs ou, plus simplement encore, offrir à un quartier défavorisé la culture comme alternative au trafic de drogue et à l'exclusion sociale.
Mais sans doute considère-t-on au ministère comme à la ville qu'il est plus rentable de faire appel aux bénévoles de la Croix-rouge et de donner du travail à des Crs en cas de coup dur consécutif à la marginalisation de quelques-uns plutôt que d'investir dans la prévention des catastrophes sociales ?
En regard du coût de ces drames, il serait instructif d'estimer, comme le font les compagnies d'assurance en cas d'accident de la route, la valeur économique des victimes eu égard à leur formation et profession au jour du sinistre et d'y ajouter les frais prévisibles du fait de leur nouveau – et souvent définitif – statut de victime. À moins que le ministère de la Culture considère comme prioritaire de tenir son budget, quitte à engendrer aux ministères des Affaires sociales et de la Justice des dépenses supérieures aux économies qu'il aura faites. Ces derniers se défaussent d'ailleurs déjà sur nombre d'associations dont les subventions sont de plus en plus rognées. L'américanisation de notre société est en route, mais sans le contrepoids des fondations qui sont si courantes outre-Atlantique…
Deux associations se sont montées pour éviter ces fausses économies*. Seront-elles entendues ?
Pierre FRANCOIS
* Association des amis du Grand parquet. Contact : lesamisdugrandparquet@gmail.com , Tél : 06 81 30 66 45.
Comité de soutien au Théâtre de l'Aquarium. Courriel : comitedesoutien.aquarium@gmail.com et sur Facebook : www.facebook.com/soutientheatreaquarium. Il y a aussi une pétition sur change.org.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *