Théâtre : « Lapidée » déprogrammée, ne pas oublier Charlie

Une exposition belge prévue de longue date devait célébrer les dessinateurs de Charlie hebdo. Elle n'a pas lieu. Une pièce de théâtre parisienne – « Lapidée » – prévue pour être jouée de la mi-janvier jusqu'en mars ne l'a été que trois fois.
Laissant de côté les querelles idéologiques, on ne parlera ici que de la valeur artistique de la pièce.
Elle relate, et l'on sent tout de suite la vraisemblance tant de la situation que des personnages, l'histoire d'une étudiante en médecine hollandaise qui tombe amoureuse d'un camarade de promotion yéménite venu étudier aux Pays-Bas, puis l'accompagne au Yémen pour exercer. Et comment les pressions sociales et familiales ont raison d'un homme fruste et désenchanté.
La pièce met principalement en scène cette femme et la sœur de son mari. La force du spectacle est de ne jamais tomber dans le manichéisme. Certes l'homme est lâche et a tendu un piège à sa femme européenne pour éviter le coût d'un divorce à l'occidentale. Mais on le voit aussi dépassé par les événements : il « aime » encore sa femme même s'il en a épousé une seconde, pour satisfaire sa famille. Surtout, il est revenu de l'admiration sans bornes qu'il avait pour les pays de liberté en raison des conséquences de cette dernière, comme l'éclatement des familles, par exemple.
Du côté des femmes, on voit deux êtres opposés par les différences de leurs cultures devenir peu à peu complices.
L'évolution de leur relation est progressive, et d'autant plus crédible. Il y a là une très belle démonstration de solidarité féminine au-delà des inévitables oppositions et incompréhensions.
Heureusement, le spectacle retournera à Avignon où il a déjà rencontré le succès.
Pierre FRANÇOIS
« Lapidée », de, mis en scène et en lumières par Jean Chollet-Naguel. Avec Nathalie Pfeiffer, Pauline Klaus, Karim Bouziouane et la voix de Roland Giraud.

Photo : Pierre François.

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