Impertinente. Pas un mot n'a été modifié et « Zazie dans le métro » est une adaptation vive et comique du roman de Queneau. Le personnage de la fillette en particulier est bien interprété, il joue parfaitement le mélange de naïveté et de lucidité qui la caractérise. Conteuse autant qu'interprète, sur scène ou se réfugiant dans la salle, elle connaît parfaitement les « choses de la vie ». Mais sous l'angle de la victime, alors elle les évoque à la fois crûment et avec sensibilité. Cette dernière qualité est aussi la principale de Gaby, l'oncle danseur travesti qui se soucie pour sa nièce et veut lui montrer un Paris bien lisse. Ours au grand cœur, il est touchant dans les attentions qu'il a pour elle et remarquable dans les tirades méditatives qu'il prononce en plantant une ambiance complètement différente de celle qui gouverne au reste de la pièce. Le patron de bar est le type même de la personne qui ne veut pas d'ennuis et qui est habité par les vices et lâchetés qui vont avec. Les autres personnages sont moins nuancés, mais cela ne gêne pas outre mesure puisque le parti pris par la pièce est celui de la vivacité sur un rythme trépidant, à la limite du style de la farce. Les projections sont parfaitement bien maîtrisées, loin de ne servir qu'à la création d'une atmosphère, elles concourent à l'action. Bref, on tient là une pièce bien ficelée, pleine de rebondissements et qui captive son public.
Pierre FRANÇOIS
« Zazie dans le métro », d'après Raymond Queneau. Adaptation et mise en scène : Sarah Mesguich. Avec : Joëlle Luthi en alternance avec Léopoldine Serre, Jacques Courtès, Charlotte Popon en alternance avec Amélie Saimpont, Tristan Willmott en alternance avec Alexis Consolato, Frédéric Souterelle. Du mardi au dimanche jusqu'au 12 avril au Lucernaire, 53, rue N.-D. des Champs, 75006 Paris, tél. : 01 45 44 57 34, www.lucernaire.fr.
Photo : Alain Richard.
