Spectacle musical : « Baptiste ou l’opéra des farceurs », de et mis en scène par Vincent Tavernier à Trappes et Versailles.

Comédie-ballet contemporaine.
« Générations Lully » est une initiative originale visant à promouvoir la musique baroque. L’idée est d’intéresser le plus grand nombre à cet art en le rendant acteur d’un travail qui nécessite de mélanger des personnes de milieux différents. Cette musique, bannie après la Révolution du fait de sa trop grande connotation avec l’Ancien Régime et redécouverte au XXe siècle a encore besoin d’être promue. Celle de Lully, qui a réussi à introduire l’opéra en France parce qu’il y a inséré une dose de danse en plus du bel canto italien, est intéressante pour une expérience de ce style. En effet, le fait d’emprunter aux genres du théâtre, du chant et de la danse permet de solliciter un plus grand nombre d’intervenants. La répartition des rôles est simple : les professionnels sont formateurs, tous les autres – y compris les petites mains en coulisse – sont amateurs.
Pour ces derniers, la musique baroque peut être une totale découverte – c’est le cas des élèves d’un collège de Trappes situé en Rep* ou même de ceux qui sont en classe Cham**  – tant ce répertoire est méconnu. S’ajoutent à ces deux ensembles ceux des écoles de musique et des chorales, dont la maîtrise du Centre de musique baroque de Versailles qui est à l’origine du projet. À ces jeunes, qui représentent 89 enfants, il faut ajouter les membres d’associations. Celle spécialisée en danse bretonne fournit ainsi 14 danseurs et l'Ecole de musique et de danse de Trappes une dizaine de percussionnistes.
À tous ceux-ci, il faut encore ajouter des adultes, sur scène ou dans les coulisses en soutien du travail fourni par un lycée professionnel qui a pris en charge la fabrication des décors, accessoires et costumes.
Sachant que la comédie-ballet écrite par Vincent Tavernier – Baptiste ou l’opéra des farceurs – raconte la vie de Lully vue par ceux – les artistes des foires – qu’il essayait de mettre sous le boisseau pour augmenter sa propre renommée, que viennent faire sur scène les mamies d’un centre socio-culturel, des danseurs de gavotte ou des artistes de hip-hop ? C’est très simple : les vieilles dames interprètent des commères, toutes les danses traditionnelles se ressemblent peu ou prou de sorte qu’il a juste suffi de quelques modifications pour jouer la fête italienne qui accompagne le départ de l’émigrant vers la France et le hip-hop convient parfaitement pour la scène traditionnelle représentant l’enfer. Ceux et celles qui travaillent en coulisse, parmi lesquels on trouve des personnes immigrées apprenant le français, ont aussi bénéficié à leur mesure d’une initiation à la musique baroque.
Car le spectacle qui va se donner les 15 et 17 mai est le fruit d’une longue gestation. Pendant un an, les différents groupes ont été conviés à des formations en rapport avec leur travail futur, de la visite du château de Versailles et l’invitation à des concerts à un voyage culturel à Malte en passant par des ateliers ou un stage en régie… Et le travail spécifique sur Baptiste ou l’opéra des farceurs a couru tout au long de l’année suivante. C’est dire si cette comédie-ballet, en plus d’une belle initiative de popularisation du patrimoine auprès de ceux qui en sont éloignés, est d’une qualité soignée !
Pierre FRANÇOIS
« Baptiste ou l’opéra des farceurs », de et mis en scène par Vincent Tavernier. Les 15 et 17 mai à la Halle culturelle la Merise de Trappes et à l’Opéra royal du château de Versailles. Renseignements : 01 39 20 72 10, www.generationslully.fr. Avec, à Trappes, l’École de musique et de danse, les Centres socio-culturels, l’École de la deuxième chance, la Mission locale, le Secours populaire, Black blanc beur, Seiz avel, l’Apmsq… Et, dépendant de l’Éducation nationale : l’école élémentaire Henri Wallon, les collèges Gustave Courbet, Le Village et Youri Gagarine, le lycée des métiers Jules Verne de Sartrouville.
*réseau d’éducation prioritaire.
** classes à horaire aménagé musique.

Photo : D. R.

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