Théâtre : « Hérode », de Claude-Henri Rocquet au Théâtre du Nord-Ouest, à Paris.

Le mal aimé.
« Hérode », de Claude-Henri Rocquet  au Théâtre du Nord-Ouest est l'adaptation d'une œuvre plus longue. Mais on a là une pièce qui explore avec bonté et lucidité la possible personnalité de ce roitelet fils d’une Samaritaine et élevé à Rome.
Si la pièce commence par l'analyse de l'amitié qu'il vouait à Jean-Baptiste au-delà de la blessure qui lui valait d'entendre la vérité sur son statut conjugal, elle s'élargit rapidement pour englober sa relation avec Pilate – « C'est vrai, j'aurais pu faire plus » – ou le massacre des saints innocents par son père. Cette introspection va jusqu'au désir incestueux qui lui aurait fait accepter la demande de Salomé. On assiste ainsi à un examen de conscience biaisé dans lequel il se justifie à ses propres yeux tout en se demandant si Dieu l'aime ou si mentir en politique est vraiment mentir. Il est touchant de vérité tant du point de vue du texte – « un vieil homme n'est plus qu'une enfance qui tremble, qui espère » – que de son interprétation – on croit au personnage dès la troisième minute même s'il y a deux ou trois baisses de rythme.
Pierre FRANÇOIS
« Hérode », de Claude-Henri Rocquet. Avec Bernard Lefebvre. Mise en scène : Hélène Robin. En alternance au Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du faubourg Montmartre, 75009 Paris, tél. : 01 47 70 32 75, www.theatredunordouest.com

Photo : Pierre Francois