Théâtre : « Don Juan revient de guerre », d’Ödon von Horvát

« Don Juan revient de guerre » est un spectacle né à Colmar, qui a été créé au Théâtre des Halles durant le dernier festival d'Avignon et qui arrive en cette fin d'année – mais pas pour longtemps, hélas – à Paris.
La mise en scène est aussi sobre que soignée, en particulier du point de vue des éclairages qui valorisent non seulement les comédiens, mais aussi l'ensemble de l'atmosphère se dégageant du plateau.
Le thème est celui de la destruction et de la tentative de reconstruction des âmes. Don Juan est certes celui qui a humilié bien des femmes, mais il est aussi celui qui, au retour de la guerre, ne sait plus qui il est. Il espère être devenu un autre, se rend amoureux romantique en quête de sa dernière fiancée tandis que la grand-mère d'icelle compte bien lui faire payer le désespoir qu'il lui a causé. Mais, ainsi que l'assène une de ses partenaires : « tu n'as plus d'idéal, il est mort ». Retour à la case départ, et nettement plus amoché qu'avant, en prime. Car « une autre époque est arrivée ». Mais une quête a eu lieu, qui humanise et ennoblit la loque que la guerre a produit.
Les comédiens sont tous pleinement crédibles. La performance des comédiennes est à souligner : à deux elles interprètent successivement trente cinq femmes sans que cela ne donne le tournis au spectateur, car à chaque fois elles sont pleinement dans leur personnage. Chacune représente une époque et une attitude, distante pour l'une, dynamique pour l'autre. Le jeu est souvent chorégraphié. On se laisse prendre du début jusqu'à la fin alors même que le thème n'est pas des plus légers, ce qui constitue un critère sûr !
Pierre FRANÇOIS
« Don Juan revient de guerre », d’Ödon von Horvát . Traduction Hélène Mauler & René Zahnd. Avec Nils Öhlund, Carolina Pecheny, Jessica Vedel . Mise en scène et scénographie : Guy Pierre Couleau , assisté de Bruno Journée. Lumière Laurent Schneegans . Durée 1 h 20 . Ce projet a obtenu la labellisation Centenaire de la Première Guerre mondiale.

Photo : André Muller.

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