« Les Saisons, Vivaldi – Piazzolla » est un spectacle musical remarquable par sa poésie. On se demande ce que peuvent avoir de commun Vivaldi, ce prêtre du XVIIIe siècle dont la musique se distingue par la régularité de son rythme, et Piazzolla, père de famille qui créa dans les années 50 et 60 un tango d'avant-garde au rythme imprévisible. Certes, ce dernier étudie sous la direction de Nadia Boulanger en 1954, car il est fasciné par la musique classique, mais cela crée-t-il un pont avec Vivaldi ?
Oui, car Las cuatros estaciones porteñas (Les Quatre saisons de Buenos Aires) écrites de 1965 à 1969 sont un hommage aux Quattro stagioni du maître publiées en 1725.
De plus, le conte offert par Irène Jacob, avec une diction et une poésie parfaites, fait plus que participer à l'harmonie générale. En effet, cette dernière ponctue les airs de l'un et de l'autre par un récit. Lequel raconte comment un garçon qui tague les murs de Buenos Aires – ce dernier point étant souligné par l'intervention du peintre Laurent Corvaisier qui crée un graphisme en même temps que la pièce se déroule – et une fille qui se trouve au cœur d'une forêt européenne peuvent s'aimer à distance. Elle nous plonge dans un univers qui tient à la fois du merveilleux et de la vérité des sentiments. Paroles et airs se complètent alors parfaitement, même si on regrette la sonorité d'un des violons. On est transporté dans un monde imprévisible et doux, dans lequel tout – heureusement – n'est pas dit. Comment ces enfants se rejoignent-ils finalement ? On ne sait comment l'interpréter, mais peu importe, c'est si bien amené…
Pierre FRANCOIS
« Les Saisons, Vivaldi – Piazzolla », avec l'ensemble Concert idéal, Irène Jacob à la narration et Laurent Corvaisier aux pinceaux. Du mercredi au samedi à 21 heures, dimanche à 17 heures au théâtre Ranelagh, 5, rue des vignes, Paris 16e, métro La Muette, tél. : 01 42 88 64 44, jusqu'au 22 février, www.theatre-ranelagh.com
Photo : Amaury Voslion.