Comédien pour la vie.
Quand on demande à Alain Sachs pourquoi il est comédien, la réponse est nette : parce qu’il n’a pas le choix. Il y voit une sorte de fatalité : « On porte notre croix ». « L’art nous a dit : c’est là que tu dois être ». Sa grand-mère l’a emmené voir « Le Malade imaginaire » quand il avait douze ans, et tout s’est enclenché. Et si, à 73 ans, il est toujours là, c’est que ce chemin ne l’a jamais lâché, « car il faut arriver, puis perdurer », dit celui qui a désormais mis la dernière main à ses mémoires*.
Quant à savoir si sa carrière a suivi un fil directeur ou si elle a été le fruit de rencontres, il remarque que « 90 % des projets sont initiés par le metteur en scène, 10 % sont des offres ». La question devient alors de déterminer les caractéristiques des 90 % proposés. Il a toujours voulu monter « des spectacles très ludiques dans lesquels les spectateurs ont un grand rôle à jouer ». Paradoxalement, cela donne « un spectacle très réglé tout en laissant beaucoup de liberté aux comédiens ». Cette liberté est le fruit d’une conviction : il ne faut jamais refaire la même chose d’un soir à l’autre, mais « rester dans l’ici et maintenant », prendre la salle comme elle est et en jouer.
Si on prend l’exemple du spectacle « Et la lumière fut ! – Swing cocktelles », il est « écrit comme un happening… c’est borné à droite et à gauche et on est libre entre les limites ».
De façon générale, il a monté beaucoup de pièces avec autant de monde, mais toujours dans un esprit de troupe et avec pour but de créer un « spectacle drôle et émouvant », et c’est au spectateur de choisir son niveau de lecture. Car « toutes les pièces comiques sont tragiques ».
Pierre FRANÇOIS
*« Je m’en fous, je dis tout », à paraître en septembre chez Nouveau monde éditions.
Photo : Daniel Sachs.