Théâtre : « Je verrai le ciel ouvert, actes d’Étienne, martyr », de et mise en scène par Juliane Stern en tournée.

Poésie et réminiscences.
« Je verrai le ciel ouvert », qui est allée à Avignon*, est une pièce qui tourne pour le moment dans les lieux confessionnels. Certes, le thème – la vie d’Étienne – est plus familier aux lecteurs de la Bible qu’aux autres. Mais, vu le peu de ce qu’en disent les Actes des apôtres, qui se bornent à rapporter son martyre, il restait un large espace de créativité, que l’auteure-metteuse en scène a poétiquement utilisé. On a pu en juger, le temps d’une représentation, au festival Théâtre à Boulogne.
Car la poésie est le premier trait qui ressort pour le spectateur, au point qu’existe le danger de se laisser bercer par la musique des mots sans faire attention à leur signification. Le comédien fait malicieusement observer que ce n’est pas gênant dans la mesure où cette dimension développe un propos qui pourrait être résumé en une phrase, ce en quoi il exagère un tantinet…
La seconde caractéristique de la pièce est de se présenter sous la forme d’un vrai dialogue entre texte et musique, la partie de violon devenant un personnage au lieu de ne faire – comme souvent – qu’illustrer ou souligner ce qui est dit par ailleurs.
Enfin – et ce qui aurait pu perdre le spectateur est ici très réussi – le comédien, qui est à la fois narrateur et interprète, saute sans cesse d’un fait présent à un souvenir ou à ce qu’il aurait voulu dire ou faire. Comment parvient-il à garder l’attention du public ? C’est tout à la fois le miracle de l’écriture et de son interprétation.
On sort de là en ayant croisé avec Étienne, son ami Paul, son maître Gamaliel, son tuteur Amos, le Simple – façon astucieuse et pertinente de présenter celui que l’on affuble d’une couronne d’épines – et tant d’autres qui figurent bien la vie grouillante d’alors, entre les murs étroits d’une Jérusalem qui est déjà un carrefour significatif des cultures.
Avec la troupe, on espère que ce spectacle va sortir du milieu dans lequel il est confiné actuellement, car il le mérite.
Pierre FRANÇOIS
« Je verrai le ciel ouvert, actes d’Étienne, martyr », de et mise en scène par Juliane Stern. Avec Cédric Danielo (jeu) et Mathieu Schmaltz (violon). Musique : Louis-Jean Perreau. Direction d’acteur : Benoît Cassard. Lumière : Hugo Fleurance. Scénographie : Jean Stern. Diffusion : Claire Eloy. Tournée : 9 février (scolaire), 3 mars à Plaisir, 14 mars à Ars, 15 mars à Saint-Etienne-des-Ouilleres, 22 mars à Strasbourg. https://www.theatrepneumatique.fr/je-verrai-le-ciel-ouvert/. Tél. 06 84 48 97 04.

*Pour une interview de l’autrice et metteuse en scène avant Avignon, voir https://www.holybuzz.com/2023/06/theatre-festival-davignon-je-verrai-le-ciel-ouvert-actes-detienne-martyr-de-et-mise-en-scene-par-juliane-stern-au-theatre-tremplin-dans-le-off/

Photo : Jean Stern.

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