Théâtre, festival off d’Avignon : « Vaincre à Rome », de Sylvain Coher à La Manufacture, Château de Saint-Chamand, dans le off.

Instant historique.
Sur DuckDuckGo ou Qwant, il suffit de taper « jeux olympiques Rome marathon 1960 » et de sélectionner « vidéo » pour voir un résumé de l’exploit. Il est utile de le regarder pour constater la fidélité de la pièce par rapport à l’histoire et le retentissement immédiat qu’il eût. Aussi pour ne pas se laisser égarer par les raccourcis temporels faits par sa femme sur le plateau, lorsqu’elle évoque sa mort (en 1973). Une femme qui emplit la salle de sa présence, de sa passion, de sa discrétion aussi. Concernant son mari, qui a très peu de texte, son corps et son effort – il court sur place une demi-heure environ – parlent pour lui. Restent l’entraîneur – « Le Suédois » que Bikila appelait « Papa » – et le commentateur sportif. Chacun est bien caractérisé sans être caricaturé, qu’il s’agisse des connaissances anatomiques du premier ou du racisme latent du second.
Le rythme de la pièce suit celui du marathon, et d’autant mieux qu’il est cadencé par des percussions sur scène (qui imposent le port d’un micro pour les comédiens et de se tenir éloigné des haut-parleurs pour les spectateurs). Les lumières sont soignées, exactement dosées, et rendent l’ambiance de cette course gagnée à la lueur des torches. Le décor à lui seul, tel qu’il apparaît avant le début de la pièce, dit déjà un univers original.
Au-delà de la dimension épique de l’épisode, c’est toute une fierté et une dignité qui sont rendues à un continent dont la vision est souvent faussée par des représentations européennes schématiques (et pessimistes). En ce sens, cette pièce est un service public rendu à l’Histoire.
Pierre FRANÇOIS
« Vaincre à Rome », de Sylvain Coher. Mise en scène : Thierry Falvisaner. Avec Timothé Ballo, Adrien Chennebault, Thierry Falvisaner, Thomas Cerisola, Ganne Raymond. Collaboration artistique : Sylvain Coher, Adrien Chennebault, Thomas Cerisola. Lumières : Simpon Laurent. Vidéo : Matthieu Etignard. Costumes : Paula Dartigues. Décors : Jérôme Perez Lopez.
Du 7 au 24 juillet (relâches les 12 & 19) de 17 h 30 à 19 h 20, trajet en navette compris, à La Manufacture, Château de Saint-Chamand. Spectacle à partir de 8 ans de 17 h 55 à 19 heures. Puis tournée.

Photo : Pierre FRANÇOIS.

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