Théâtre : « Akedia, le diable au désert », d’Adrien Candiard à la chapelle Notre-Dame des anges, à Paris.

Étonnant, détonant.
Donner une pièce sur le combat spirituel rédigée à partir des écrits des pères du désert dans une chapelle est peu commun. Se montrer moderne au point de proposer une rémunération libre et consciente, encore moins. Mais le plus surprenant est ailleurs : cette proposition n’émane pas d’une jeune troupe à la recherche de son public, mais d’un vieux routier de la musique et du théâtre, Francesco Agnello, qui s’est adjoint les services de Gérard Rouzier – avec lequel il joue depuis plusieurs années « Charles de Foucauld, le frère universel » – et de Jules Meary (qui n’est pas un inconnu non plus).
Est-il utile de dire que le spectacle est abouti et que l’on y retrouve un souffle et une patte – ceux de l’équilibre et de la spiritualité – caractérisant déjà les précédents spectacles, qui ont séduit le public, y compris à des heures inattendues, comme la pause de midi ?
Ceci est d’autant plus fort que la pièce repose surtout sur son texte, lequel énumère les pensées pouvant distraire une âme de sa recherche d’Absolu. Pourtant, le jeu, tout discret qu’il soit, et la musique – encore plus mesurée et recourant à de nouveaux instruments – sont bien présents et efficaces : c’est qu’ils illustrent, soutiennent et amplifient les phases du combat intérieur. Seule réserve : mieux vaut prendre place loin des haut-parleurs, les comédiens étant munis de micros – mais si petits qu’on ne les détecte que grâce à un (très) léger écho.
La mise en scène et la progression dramatique sont particulièrement bien vues.
Le personnage du diable, tel un vendeur peu scrupuleux, use d’une logorrhée mêlant sans cesse vérité et mensonge dans un tissu de flatteries pour fabriquer des raisonnements inattaquables. Rarement, le moine répond, soit par une admonestation à le laisser tranquille, soit par une phrase, courte et précise, mettant à bas l’échafaudage présenté.
Mais celui auquel il est rappelé qu’il n’a pas de corps connaît si bien les arcanes de nos phantasmes, illusions et désirs qu’il ne lui est pas compliqué de mettre le moine dans une difficulté des plus extrêmes. Le vaincra-t-il ? Réponse en allant voir la pièce, qui se donne jusqu’au 26 juin deux fois par semaine, le lundi.
Pierre FRANÇOIS
« Akedia, le diable au désert », d’Adrien Candiard. Avec Jules Meary et Gérard Rouzier. Mise en scène et musique : Francesco Agnello. Le lundi à 12 h 30 et 20 heures jusqu’au 26 juin à la chapelle Notre-Dame des anges, 104, rue de Vaugirard, 75006, Paris, tél. 06 64 64 01 51, courriel : aircac@free.fr.

Photo : Pierre François.

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