Spiritualité : Célébration inclusive œcuménique, « temps de prière ouvert à toutes et à tous à l’occasion de la Marche des fiertés », à Paris.

Chaque année a lieu à l’initiative d’associations chrétiennes* une célébration œcuménique la veille de la Marche des fiertés. Cette fois-ci, elle se déroulait au temple luthérien de la rue Manin. À l’entrée la personne qui remet le fascicule contenant les textes de la soirée précise qu’un reporter  photographe est là mais qu’il se cantonne au côté gauche de l’église ; à chacun de choisir où il désire se placer. L’assemblée est présidée par deux célébrants, un homme et une femme. L’eussent-ils fait exprès qu’ils n’auraient pas fait mieux : tandis que l’homme, à travers une homélie bien charpentée fait plutôt appel au raisonnement des participants, la femme fait preuve d’un talent certain pour insuffler empathie et sensibilité à l’assemblée. Le cliché n’est pas loin, mais comme tout cela est mené avec beaucoup de nuance, on se contente d’en sourire.
Le thème de la rencontre étant « la diversité des familles », celui du prêche tourne autour des doubles paternités adoptives de Jésus par Joseph puis par Dieu qui, l’un comme l’autre, ne pratiquent pas l’acte de chair, mais nomment l’enfant et ainsi le font fils. Joseph au moment de la naissance, Dieu à celui du baptême**.
Les chants choisis sont résolument optimistes et d’action de grâce : « célébrez le Seigneur car il est bon » donne le ton dès le début. Les trois témoignages vont dans la même direction. S’ils ne cachent pas les obstacles et exclusions dont les uns ou les autres peuvent être l’objet, ils mettent en valeur la bienveillance de plus en plus générale dont ils bénéficient.
On a clairement affaire à une assemblée priante. On aurait l’impression d’assister à un culte habituel s’il n’y avait cet horaire tardif et le rappel du choix de situer cette prière à la veille de la Marche des fiertés. De même que des annonces un peu spécifiques, comme cette sœur du Cénacle qui propose deux retraites de contemplation à destination de la communauté lgbt pour, explique-t-elle, se laisser bronzer sous le soleil de Dieu.
Seul bémol : lors du pot qui suit, il arrive que l’un ou l’autre de ceux qui se connaissent déjà – c’est-à-dire la majorité – aborde un nouveau en lui demandant quelle est son orientation plutôt que son métier ou sa confession… Sans doute un besoin chez celui qui pose la question de se rassurer en se disant qu’il a affaire à une personne du même bord. Dommage quand même, alors que l’on vient de célébrer la diversité.
Pierre FRANÇOIS
* En l’occurrence, « Le Carrefour des chrétiens inclusifs », « La Communauté de Béthanie », « David et Jonathan », ainsi que les paroisses protestantes des Billettes, Bon Secours et Saint Pierre, le centre pastoral catholique de saint Merry, la fraternité de la maison ouverte, les groupes pastorals catholiques se parler (94) et les mardis de la différence (Évry).
** chez Lc, cette double adoption est notamment rappelée dans Lc 3, 22-23

Photo : Pierre Francois.

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