Théâtre, littérature : quand un poète disparaît…

Hommage.
Né en 1933, il nomadise au gré du conflit mondial entre le Nord et la Normandie. Lit. Beaucoup, Dès le lycée. Principalement de la poésie. Commence à écrire. Rencontre Lanza del Vasto dans ses vingt ans.  Voyage. Beaucoup. Espagne, Italie, Suède, Norvège. Publie. Peint aussi, ayant découvert Goya très tôt et s’étant fait de nombreux amis peintres. Fait partie de ces écrivains qui sont aussi journalistes, pour lui à Sud-Ouest ou Notre Bordeaux. Rencontre artistes et intellectuels, notamment Claude Bonnefoy en 1958, par qui il fait la connaissance d’André Voisin et de Raymond Hermantier. On pourrait citer aussi Pierre-Alain Jolivet ou Maurice Clavel. Agit. Notamment aux côté de Lanza del Vasto « pour la paix en Algérie et contre les tortures ». Publie des entretiens dans les années soixante-dix : avec André Leroy-Gouran, Mircea Eliade (qui le prépare à la rencontre avec l’Église orthodoxe), Lanza del Vasto (un prétexte pour le revoir une fois digéré ce qu’il avait déjà entendu de sa bouche dans les années cinquante). Enseigne. À l’Alliance française, en collège, à l’Université de Montréal, en lycée. Devient agrégé de lettre et docteur en esthétique et sciences de l’art, titres qui, dit-il, « épargnent un certain nombre de justifications à qui les porte, quand l’insolite ou la dissidence de ses vues compliquerait un peu son chemin ». Se marie. Devient producteur délégué à France Culture. Rencontre, entre autres, Jean-Luc Jeener en 1991 qui lui fait découvrir le monde concret du théâtre. Écrit. De plus en plus. Énormément. Joue sous la direction de J.-L. Jeener, met en scène. Réécrit sur Lanza del Vasto, avec la complicité de sa femme. Découvre la famille franciscaine, qui lui correspond. Écrit plusieurs ouvrages sur saint François. N’arrêtera plus d’écrire jusqu’à sa mort, il y a un an. Ce sage météore de la galaxie littéraire a su toucher tant de personnes qu’un an après sa disparition soudaine ils sont treize (et encore a-t-il fallu limiter le nombre de lecteurs) à vouloir lui rendre hommage lors d’une soirée spéciale – le 5 mars – qui fera entendre des extraits de douze de ses livres. Mais il n’y aura pas que cela. Bernard Lefebvre, qui aura déjà participé aux lectures, jouera sa pièce « Hérode »* sur sept dates, dont la première sera le 7 mars. Enfin, le 15 mars, ce sera au tour de Marie Hasse et Guillaume Tavi d’interpréter sa pièce « Tintagel »**. Le tout au Théâtre du Nord-Ouest. Mais de qui s’agit-il ? Claude-Henri Rocquet était son nom, et il était suffisamment reconnu pour que deux éditeurs le publient en ce moment. Le Bois d’Orion a réédité en juillet de l’année dernière « Lanza del Vasto, les facettes du cristal, entretiens avec Claude-Henri Rocquet » puis en octobre « Je n’ai pas vu passer le temps », relecture spirituelle de certains épisodes de sa vie. Et les Éditions éoliennes ont sorti en février 2017 Théâtre d’encre, le premier tome (trois sont prévus) de son théâtre complet. Paix à son âme, longue vie à son œuvre et vie augmentée à ceux qui en profiteront.
Pierre FRANÇOIS
* Pour être plus précis,  il s’agit d’une adaptation théâtrale de son propre livre éponyme reparu aux éditions Lethielleux en 2006.
** que l’on trouve dans le tome I de son « Théâtre complet » aux éditions éoliennes.

Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du faubourg Montmartre, Paris 9, métro Grand-boulevards, tél. : 01 47 70 32 75, http://theatredunordouest.com/.

Photo : Anne Fougere

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