Théâtre, Printemps des poètes : « Tintagel » et « Quelques poèmes que je sais par cœur », de Claude-Henri Rocquet en lecture au Théâtre du Nord-Ouest

Changer d'angle.
Claude-Henri Rocquet fait partie des vrais auteurs : ceux qui s'interrogent sur ce que leurs personnages vont leur souffler une fois qu'ils se mettent à la table de travail ou sur les raisons qui les font agir. Alors, quand on lui demande pourquoi il a écrit une histoire déjà connue – Tristan et Iseut – racontée chez lui par Brangien, sœur d'infortune d'Iseut, et un jeune homme, il explique que, sans le vouloir, il a rejoint la forme du théâtre nô et reste dubitatif sur les dispositions psychologiques précises de son héroïne, mais sûr des souffrances qu'elle a endurées.
Pourquoi le théâtre nô ? Marie Hasse, la comédienne qui va interpréter Brangien (ainsi que tous les personnages féminins, de même que le jeune homme fera les masculins en plus de son rôle mystérieux, solitaire et grave) dit alors comment elle a été touchée par la justesse de cette option, un des thèmes de ce théâtre pouvant être une longue complainte endeuillée et le personnage de l'ombre errante y étant également fréquent. Elle est aussi sensible au rapprochement que Claude-Henri Rocquet fait avec le théâtre grec, son prologue ressemblant à celui de l’Iliade.
Ces deux-là sont manifestement faits pour s'entendre, qui partagent une foi chevillée au corps, un désir de servir et une délicatesse manifeste. Pourtant, ils ne se connaissaient pas. Entre eux, il y a eu Jean-Luc Jeener, directeur du Théâtre du Nord-Ouest et son assistante Édith Garraud. Entre cette dernière et la comédienne, c'est un assaut – la chose mérite d'être signalée tant elle est rare dans ce milieu –  réciproque pour mettre l'autre en valeur. Le directeur voulait jeter un coup de projecteur sur l'auteur et son œuvre, il avait par ailleurs dirigé la comédienne, la question était entendue et tout le monde s'est mis au travail : la comédienne pour faire une lecture vivante et qui nous fasse « entrer en magie » du travail de Claude-Henri Rocquet, l'auteur pour offrir en bouquet les œuvres de ses confrères connus ou moins connus, de Max Jacob à Eluard en passant par Milosz ou Louis Émié.
Ce n'est en effet pas par hasard que ces lectures seront données au Théâtre du Nord-Ouest les 10 et 16 mars dans le cadre du « Printemps des poètes » : Claude-Henri Rocquet est poète, depuis longtemps, sa première publication en vers remontant à 1962. Mais il sait aussi ciseler avec d'autres outils : il a écrit des récits, des essais, des entretiens, des drames ou sur l'art. Et, en ce moment, il corrige les épreuves de « Théâtre d’encre » (où figure Tintagel), premier volume de son « Théâtre complet », Éd. Éoliennes, en numérique.
Pierre FRANÇOIS
« Tintagel », de Claude-Henri Rocquet, lecture par Marie Hasse et Guillaume Tavi le 10 mars à 19 heures au Théâtre du Nord-Ouest.
« Quelques poèmes que je sais par cœur », carte blanche à Claude-Henri Rocquet le 16 mars à 19 heures au Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du Fbrg Montmartre, 75009 Paris, métro Grands-boulevards, tél. : 01 47 70 32 75.

Photo : Pierre François.

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