Théâtre : « Cockpit cuisine, les voyages domestiques de Marcel Blondeau » en tournée et au Grand parquet, à Paris.

« Cockpit cuisine » est un spectacle comme on n'en a pas vu depuis vingt ans ! Dire que cela oscille entre le théâtre de papier et celui d'objet serait juste, mais incomplet. Il faut imaginer une troupe qui ne travaille qu'avec du matériel récupéré. Logiquement, elle se trouve en résidence au sein d'une communauté Emmaüs. Tout le monde sait le bric-à-brac que représente le hall de vente de ces lieux. Il faut imaginer la scène comme le concentré d'un tel endroit, mais pas seulement. Car, si les compagnons ont valorisé les objets reçus en leur donnant un coup de neuf, les comédiens les ont réutilisés pour aboutir à un résultat inimaginable dans la vie normale.
L'un d'entre eux nous annonce qu'il vient d'hériter d'un célibataire inconnu qui était réparateur de télévision et qu'il n'a eu que quelques jours pour déménager le contenu de sa maison, laquelle doit être détruite. La chose était importante dans la mesure où des carnets de voyages mystérieux racontent, avec l'aide d'objets associés, des itinéraires qui bizarrement correspondent aux déménagements de la mère du narrateur.
On comprend vite que le mort était le père naturel de l'orateur et qu'il a cherché à rejoindre sa mère. Cette pseudo-révélation est le prétexte à un voyage émerveillé dans la conscience des protagonistes. Mais aussi devant les trésors d'imagination et de précision des auteurs du spectacle. Tout à la fois on voit les manipulateurs déplacer des objets de façon synchronisée devant une caméra dont le champ est très restreint et le résultat que cela donne sur un des sept écrans répartis au milieu de ce capharnaüm apparent.
On est embarqué à un point incroyable dans ce récit hallucinant, au point qu'on ne sait plus ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas dans le récit qui nous est fait ! Rien ne l'est, bien sûr, mais le talent est tel que l'on avale tout sans le moindre doute.
Ce spectacle est idéal pour initier les enfants à partir de huit ans (les adultes seront tout aussi ravis), aux beautés de l'art dramatique, loin des tartes à la crème dites « grand public » pour masquer une indigence d'imagination affligeante.
Pierre FRANÇOIS
« Cockpit cuisine, les voyages domestiques de Marcel Blondeau », de Benoît Faivre, Laurent Fraunié, Harry Holtzman. Avec Laurent Fraunié, Benoît Faivre, Francis Ramm. Mise en scène : Harry Holtzmann. Direction artistique : Benoît Faivre. Conception et construction des images et machines : Marcel Blondeau, David Gallaire, Julien Goetz, Benoît Faivre, Tommy Laszlo, Thierry Mathieu, Frédéric Parison, Véronika Petit, Francis Ramm.
Du 5 au 22 février au Grand parquet à Paris, les 17 et 18 mars au Mil Tam de Pontivy (56), les 24 et 25 mars à Ifs (14), le 6 mai au théâtre Theo Argence à Saint-Priest (69), le 16 mai au théâtre des Bergeries dans le cadre de la BIAM (93), les 21 et 22 mai au théâtre Ici et là à Mancieulles (54)
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Photo : Julien Goetz.

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