Théâtre : « Charlotte, d’après l’histoire vraie de Charlotte Piazza », de Patricia Piazza au théâtre du Nord-Ouest, à Paris.

La force de la vérité.
L’image qui vient à l’esprit pour parler de « Charlotte » est celle d’un coup de poing. « Charlotte », c’est l’histoire d’une jeune fille fragile qui a fait la mauvaise rencontre au mauvais moment. Ce qui lui a valu une descente aux enfers, tant psychiatriques que carcéraux, le premier étant conditionné par le second. « Charlotte », c’est aussi le combat d’une mère metteuse en scène qui veut que l’on sache. Et qui a obtenu le soutien de l’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture).
« Charlotte » est un spectacle incarné au point que le spectateur, envahi par l’émotion envoyée par le plateau, en est presque mal à l’aise. C’est brut, sans filtre, vrai, au-delà de ce que l’on peut imaginer. Pour autant, le spectacle, sans pathos, reste pudique. Car cette vérité est théâtralisée, ce qui lui donne plus d’ampleur encore dans la mesure où la technique théâtrale, loin de nous abandonner à l’apparence des choses, nous fait entrer dans la tête de Charlotte et comprendre sa douleur. Il y a en particulier un passage sur la culpabilité et la souffrance qui mérite d’être médité. Tous les rôles – même ceux correspondant à des personnages imaginaires – sont joués avec un égal talent, jamais le « mentir vrai » du théâtre n’a été aussi présent.
Pour le reste, on est ici dans une démarche proche du documentaire ou du journalisme : les choses sont dites dans leur réalité. Une réalité d’une cruauté que l’on a peine à imaginer. Certes, lire le livre « Décarcérer » de Sylvain Lhuissier affranchit sur bien des aspects de l’univers carcéral, mais cette pièce jette une lumière crue sur sa composante psychiatrique. Et l’on comprend mieux pourquoi toutes les personnes qui ont fait de la prison disent qu’elles ne veulent à aucun prix s’y faire hospitaliser.
Pierre FRANÇOIS
« Charlotte, d’après l’histoire vraie de Charlotte Piazza », de et mis en scène par Patricia Piazza. Avec Julia Beauquesne, Chloé Deleste, Lilou Lefranc, Laetitia Lemaire, Rémi Picard. Voix chant : Magali Goblet. Interprète Ocarina : Nicolas Rayappa. Lumières : Elvire Flocken-Vitez. Costumes : Anne Poitral. Son : Dinah Ekchajzer. Les 13 et 17 décembre à 20 H 30 au Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du Faubourg-Montmartre, 75009, Paris. Tél. 01 47 70 32 75. Courriel : public@theatredunordouest.com. Site : https://www.theatredunordouest.com/ Métro : Bourse, Le Peletier, Grands Boulevards. Bus : Grands Boulevards. Le foyer, le bar et la salle Economidès (petite salle) sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant.

Photo : Pierre François, d’autres sur @pierrefrancoisphoto

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *