Un bijou !
« Une histoire subjective du Proche-Orient, mais néanmoins valide, je pense » est une pièce qui se décline en trois chapitres. Selon la salle dans laquelle on voit la pièce, on l’a en intégrale ou en partie. En intégrale, chaque chapitre de trois quarts d’heure est séparé du suivant par un entracte de dix minutes. Chacun raconte – à l’exception de celui intitulé « Paris », plus méditatif – une tranche de vie. S’agissant d’une fille née en France qui est parti rechercher ses racines au Liban puis est tombée amoureuse d’un Israélien, les deux autres sont logiquement intitulés « Beyrouth » et « Jérusalem ».
La comédienne a un talent extraordinaire de conteuse. D’introspection aussi. On ressent presque ses propres émotions tant la communion est profonde entre la scène et la salle. Elle interprète tous les personnages avec une égale justesse. Elle est aussi capable de faire sentir la différence de mentalité entre une personne qui sait ce qu’est la guerre dans sa tête ou dans sa chair. C’est qu’au-delà du jeu remarquable, on l’a compris, il y a une réelle écriture, qui tresse considérations politiques et convictions personnelles avec une solide dose de dérision pour aboutir à un récit d’une humanité touchante. Un musicien ponctue les moments importants du récit, souvent avec des airs de la légende nationale, Fairouz.
Alors que l’on s’attend à ce que la troisième partie reprenne les codes formels des deux précédentes, la surprise est de taille. Accompagné de nouvelles lumières, on plonge avec elle dans une tentative de bilan et de règlement de compte. Là aussi, elle nous fait entrer pleinement dans son univers. Là aussi, l’on reste suspendus à ses lèvres. Et, là aussi, elle sait nous faire entrer dans les arcanes de sa psyché. On ne voit donc jamais le temps passer.
Pierre FRANÇOIS
« Une histoire subjective du Proche-Orient, mais néanmoins valide… je pense ».
De Lauren Houda Hussein. Mise en scène Ido Shaked. Avec Lauren Houda Hussein (comédienne), Hussam Aliwat (musicien). Musique : Hussam Aliwat. Lumières : Léo Garnier. Son : Thibaut Champagne.
Le 14 novembre à 19 heures au Safran, à Amiens : « Beyrouth » et « Jérusalem ». Les 22 et 23 novembre aux rencontres professionnelles de La Croisée à Creil et Pont-Sainte-Maxence. Les 8 et 9 décembre à 18 heures au théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine : intégrale. Du 12 au 15 décembre au Théâtre Joliette, à Marseille : intégrale. Le 8 mars à 19 heures au Centre culturel Jean-Houdremont de La Courneuve : intégrale. Le 26 mars à 19 heures au théâtre Jean-Lurçat d’Aubusson : intégrale.
Photo : Pierre François.